La vie, c’est d’abord la naissance… puis après, la mort. Entre les deux, il y a… l’amour, la haine, le travail, les enfants, les drogues, les hallucinations, les coma éthyliques… Au départ, tout était si calme. Et puis, un bruit. Perçant. Glaçant.
Parfois, on nait avec l’intime conviction que nous ne serons pas des hommes ordinaires. Parfois, on peut se dire : « Je suis extraordinaire », tout simplement parce que chacun d’entre nous est unique, chacun a sa propre vie et perception de la vie et du cheminement de ses événements. (Je le sais grâce à mon brevet de psychologie de comptoir option philosophie aristotelicienne). C’est la perception qu’avait le fou de Paul McCartney.
Revenons à la vraie vie. Qu’est-ce qu’être fou ? Imaginez-vous un « road-trip » digne des films d’horreur. Imaginez vous l’univers de Skins. Une soirée, de la musique dance (à une époque, cela aurait pu être Alanis Morissette). Un verre puis deux. Un homme s’approche et vous propose de la MDMA. Après tout, cela ne vous fera pas de mal, ça vous « ouvrira à d’autres expériences ». Vous qui êtes d’ordinaire très réservé en soirée, ça vous désinhibera et vous permettra d’aborder cette fille, ou ce mec, qui vous plait tellement, et qui danse au milieu de la piste. MDMA ou Xanax, tranquillisant ou amphétamine, vous vous en foutez. Il faut un sens à votre vie tellement fracassée, et ceci dès ce petit cri qui a ravi tant de personnes rassemblées autour de l’utérus de votre mère. La drogue fait effet, les choses se brouillent, vous aimez le monde entier, tombez amoureux de tout le monde… Après l’ascension vient le moment de la descente: la peur, la paranoia, les murs qui se ressérent, la petite musique dans votre tête se faisant de plus en plus pressante. Ca cogne, mais c’est pas un IRM. Le danger guette, votre cerveau se retourne… puis plus rien. Lumière blanche : un homme s’approche. « Welcome home », lance-t-il. « Alors, où allons-nous ? »
Retour à la réalité. Des amis autour de vous, vous font des signes, vous parlent. Mais, vous, vous ne voyez que les lèvres bouger, et derrière eux, se tient LA fille (ou LE mec). Il ou elle vous dit: « Viens, mon ami, mon amour. Il faut que tu viennes. Je t’attends ». Personne n’a l’air de la voir, sauf vous. Là, vous vous posez la question fatidique : « Suis-je fou ? »
Quelques jours plus tard, vous êtes rétabli. D’autres genres de drogues circulent. Vous bossez toute la journée, et le soir, une chicha, un « petit pet », et tout va bien mieux. Nina Hagen, Keith Moon, Mr Bungle, c’est votre bande son. Reggae, rock psyche. Les effets des drogues sur le cerveau défini dans le Magazine de la Santé du docteur Michel Cymes, vous vous asseyez dessus. Littéralement. Et revoilà les mêmes effets : un gorille avec une banane, comme dans le clip de la chanson I’m Going Slighty Mad de Queen ; les murs qui se ressérent au rythme de Concertina de The Mars Volta, et les guitares désaccordées…le trip commence.
Revoilà les musiques dures, Pearl Jam, Nirvana pour débuter. Au moment des premières hallucinations, une pensée lucide vous accompagne : « il faut que je décroche. Il me faut une psycho-thérapie ». Lucide, mais furtive. Et puis revoilà cette personne sur laquelle vous aviez flaché. Elle s’approche, et tout doucement, tente d’enlever son T-Shirt… puis le reste… Trip, réalité, vous n’en savez plus rien. Tout est fini, vous vous agitez, moment d’extase… C’est ce que relèveront vos amis dans les dépositions faites à la police : « Il bougeait, on avait beau crier d’arrêter mais il ne le voulait pas. Au final, il s’en foutait, il n’était plus avec nous ». Thrity Seconds To Mars, Nine Inch Nails font partie de votre bande son extatique…jusqu’à la masterpiece, celle où vous et Jack Torrence ne faites plus qu’un. Dies Irae. Shining. Clap de fin.
Un dimanche, dans la campagne. Vous êtes assis tranquillement devant un petit ruisseau. Un vinyle tourne : « Crazy », de Patsy Cline, écrit par Willie Nelson, le cowboy qui n’appréciait peut-être pas encore la marijuana, avant de militer pour sa légalisation. Vous êtes loin. Dans un asile de fous, certes, mais loin, loin de ces nuits de folie ou l’on « tape, tape, tape/c’est ta façon d’aimer ». Loin. « The lunatic is in my head » chante Roger Waters. Oui, mais après tout, entre la naissance et la mort, il faut bien s’occuper, non ?
NB: Durant la rédaction de cette article, aucune drogue n’a été testé, et aucun animal n’a été maltraité.
Mickael Chailloux & la rédaction du Peuple du Rock