Grands Classiques

AM ou le coup d’audace des Arctics Monkeys

Le 7 et 8 novembre prochain, le Zenith de Paris sera bondé. Les Arctics Monkeys font guichet fermé en France pour leur retour après trois ans d’absence. Ils y présenteront AM, nouvel album sorti le 9 septembre dernier, resté quatre semaines dans les charts Top Albums, à un public plus enthousiaste que jamais.

Parmi les retours retentissants de cette rentrée scolaire 2013, on compte les  Arctic Monkeys, les grands vaudous du rock indé des années 2000 à nos jours. Après un long séjour passé aux Etats-Unis, aux côtés de leur nouveau producteur, le stonien Josh Homme, les Arctics Monkeys ont sorti leur dernier album. AM est, semble-t-il, une métamorphose pour les rockers de Sheffield. Il est loin le temps des premiers riffs et de la voix criarde d’Alex Turner sur Whatever People Say What I Am, That’s I’m Not datant de 2005. Aujourd’hui, le groupe a grandi, Alex s’est coupé les cheveux, chassant d’un revers de main les comparaisons incessantes qu’on lui accordait avec les Beatles, et quatre albums sont passés depuis. Suck And See It, le prédécesseur (d’inspiration grunge qui  ne m’avait pas vraiment ravi). C »est donc avec une certaine appréhension que je m’attaquais à AM, bien que la pochette épurée et minimaliste me plaise déjà sensiblement.

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Une écoute, puis deux, puis douze. Les morceaux favoris sont repérés, les paroles sont connues presque par cœur, les riffs deviennent des classiques à l’oreille. Le verdict tombe, presque comme une évidence : AM est l’album le plus travaillé, le plus mature que les Arctic Monkeys n’ait jamais réalisé. Se réinventer, pour un groupe, est extrêmement difficile : soit ça marche, soit c’est fatal (on peut citer Radiohead qui a perdu un grande partie de son public à la sortie de Ok Computer, trop différent des morceaux grunge tel que Creep.) Sur ce point, les Arctics sont à l’apogée de leur talent. Plus on écoute AM, plus on l’aime. AM ne s’écoute pas par petits bouts, non, on écoute un morceau en entier pour en apprécier tout son potentiel. Tout l’album à la suite, dégage une atmosphère pénétrante, flegmatique et lourde, mais complètement décalée dans les paroles des chansons. Alex Turner, fidèle à lui-même, ne se prend pas au sérieux, et continue d’écrire des absurdités comme sur Why You’d Only Call me When You High ? (Pourquoi m’appelles-tu seulement quand t’es défoncé ?) ou encore I Wanna Be Yours (« I wanna be your vacuum cleaner » traduit par Je veux être ton aspirateur…). Les gros tubes, dont le très rock R U Mine (merci Matt Helders pour le puissant jeu de batterie) ou la mise en bouche avec le très lourd Do I Wanna Know et sa basse écrasante, affirment leur rôle de valeurs sûres. Ces titres sont des inratables. Les deux morceaux les plus réussis de l’album restent (à titre personnel) Arabella et Snap Out Of It. Arabella est un morceau urbain et planant, qui aspire à une certaine tendance rock/grunge en plus construit et plus propre. Snap Out Of It, se vaut à son originalité par rapport au reste de l’album. Car si les titres partagent tous plus ou moins le même esprit (lent et lourd pour résumé), Snap Out Of It, est plus sautillant et plus léger. Inspiration plus pop ? Evidemment. N’oublions pas que Turner a fait parti de Last Shaddow Puppets, formation avec son ami Miles Kane, par conséquent, l’influence est là, nette. Ces chansons, brillantes, rattrapent certains bémols de l’album, telle que Knee Socks, la déception par son côté à la limite du R’N’B avec bien trop de chœurs. Les ballades se comptent sur les doigts de la main : le sensuel et absurde I Wanna Be Yours, le kitchissime et second degré Party Anthem N° 1, enfin l’excellent Mad Sounds, aux légères sonorités californiennes.

En résumé, cet album, plus sombre et plus sexy aussi, que tout ce qu’ils ont pu faire avant, est sans doute à l’image du groupe qui a traversé les années 2000 sans égratignures, et qui fut témoin de l’évolution d’un monde décadent, aujourd’hui. Plus calme, mais toujours plus énorme, AM fera des déçus parmi les fans des années 2000 des Arctic Monkeys. L’album requiert peut-être une certaine ouverture d’esprit de la part des auditeurs mais il serait dommage de passer à côté d’un album si bon, si bien façonné, presque parfait. En un mot : audacieux.

By Juliette Geenens

2 réflexions sur “AM ou le coup d’audace des Arctics Monkeys

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