Review

Matthew E.White – La force tranquille.

Marre du stress ? Marre de toute cette agitation ambiante qui anime votre pénible quotidien ? Vous voulez faire comme Freddie ? « You want to break free ? ». Nous avons peut-être la solution pour vous et cette solution se nomme Big inner, un compagnon de route (préférez un album) qui vous sera d’un précieux secours, mais celui-ci ne serait rien sans son grand maître Matthew E.White, un brave gars originaire de l’État de Virginie qui nous rend bien service en ces temps troubles. Vous verrez, l’essayer, c’est l’adopter.

Matthew E. White n’est pas ce que l’on pourrait appeler un violent. Avec son allure débonnaire de gros nounours, White inspirerait plus la sérénité et la sagesse, choses que l’on retrouve sans réelle surprise dans son premier album studio Big Inner donc, enregistré en 2012 sous son propre label. Technicien dans l’âme ou bien mélomane intemporel, Matthew E. White a beaucoup appris sur la musique: de la manière dont elle déteint sur chaque individu jusqu’à son apprentissage, sa conception même ainsi que son influence sur le monde.
Des recherches assidues qui vont le conduire à un projet, un album, différent des autres, là où on se serre un peu pour enregistrer (c’est parfois 40 musiciens et chanteurs qui se croisent dans les studios), et là où les chœurs embrassent discrètement le bourdonnement des cuivres. Un album envoûtant qui gagne un peu plus les cœurs chaque jour alors que ce dernier en était encore au stade de simple esquisse deux ans auparavant. Mais voilà que ce grand gaillard taillé comme un bûcheron (excusez du peu) est maintenant lancé dans la course avec un opus impeccable sous tous les aspects.

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Pourtant, les deux premières secondes du titre « One of these Day » ne sont guère attrayantes. C’est froid, soporifique et puis petit à petit on est (très) vite rattrapé par le talent de ce joyeux luron que semble être Matthew E.White. Doucement, la machine se met en place. Tout s’assouplit. La voix mielleuse de White accompagnée gracieusement par les cuivres vous transporte. Bientôt, le dossier de votre fauteuil se bascule. Ça y est, vous êtes bien installé pour sept titres tous aussi doux, profonds, enivrants les uns que les autres. Certains sont tout de même plus rythmés à l’image de Big Love et ses « Yayaya » à la sauce amérindienne d’Arizona. D’autres sont tout simplement sincères, touchants, mais tous sont indéniablement portés par la grâce. Une pureté qui va un peu à l’encontre de ce qui se fait de nos jours. Après, si vous avez besoin d’un peu plus de pep’s dans vos playlists, passez votre chemin parce que ce n’est pas ici que vous serez servis… En fait, Big Inner ressemblerait à ces fameux après-midi pluvieux où vous êtes emmitouflés dans votre plaid près du feu, la tasse de thé dans les mains à regarder la pluie battante se fracasser contre la fenêtre de votre salon. Un joli rêve pour tous mais qui peut être accessible pour peu que vous preniez un peu de votre temps afin de vous poser et de vous laisser bercer par le flow des mélodies qui composent les sept morceaux de l’album. Un doux plaisir que l’on ne se refuserait pas n’est-ce pas ?

Les textes parlent pour le songwriter. L’amour semble être la raison de vivre de Matthew. E White qui raconte également son lien avec la musique, un lien très fort qu’il tisse depuis son plus jeune âge. Au départ simple musicien, il rejoint un groupe de Jazz local avant de créer un petit label qu’il nommera Spacebomb Records où il enregistre en quelques prises Big Inner. En pleine expérimentation, il n’a alors aucune idée de l’ampleur que suscitera son travail aussi remarquable soit-il, il faut bien l’avouer. Un orchestre composé d’une trentaine de musiciens, enregistré sur du matos de première génération, des arrangements faits maison, pas simple de ressortir quelque chose de net à l’écoute. Mais lui n’en a cure, il prend son pied à jouer au patron de label indépendant. Et pourtant, son talent aura finalement eu raison de lui et par un fabuleux hasard, c’est bientôt le célèbre label Domino Records (Animal Collective, Franz Ferdinand… ) qui s’occupera du reste afin que nous Européens, puissions avoir la chance de l’écouter. Opération « diffusion en masse » activée.

Big Inner est à l’image de son créateur. Il y a comme une sincérité frappante dans ce disque. « Je voulais être moi-même… Et comme je suis un mec assez relax, je suis très heureux lorsqu’on me dit que mon disque apporte un peu de sérénité. » Les influences sont nombreuses. Lui se dit être inspiré par des artistes tel que Dr. John pour ne citer que lui. Néanmoins, c’est surtout par la musique noire qu’il se laisse porter à l’instar de la Soul, du Jazz, du Blues ou encore du Gospel. Il n’y a qu’à entendre les chœurs pour s’en convaincre, très Gospel pour le coup. Matthew E.White chante l’amour charnel, l’amour de son prochain ainsi que l’amour pour le Christ (« Brazos« ). Matthew E. White est un saint, lui-même fils de missionnaire, mais reste avant tout un personnage entier, attachant, avec déjà plein d’idées pour un second opus. Quoi qu’il en soit, vous seriez bêtes (avec tout le respect que l’on vous doit) de passer à côté de ce Big Inner qui saura sans nul doute trouver une place dans votre discothèque bien garnie, nous en sommes persuadés.

By Marcus Bielak

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