Face à Staten Island, coincé entre l’île de Manhattan au Nord, le Queens à l’Est et Manhattan Beach au Sud se trouve un quartier qui, ces treize dernières années a vu fleurir nombre de groupes comme Grizzly Bear, Vampire Week-End, TV on The Radio, Animal Collective, Woods… et j’en passe. L’endroit cool qui a remplacé Manhattan, devenu dorénavant trop cher, a explosé ces dernières années et devient musicalement incontournable.
Aujourd’hui j’aimerais vous parler un peu de Woods. Ce groupe folk-rock-psy-garage s’est formé en 2005 autour Jeremy Earl, G. Lucas Crane, Kevin Morby, et Jarvis Taveniere. Adeptes du concept très brooklynien « Do It Yourself » (Fait tout toi même car personne ne t’aidera, en gros c’est cela le crédo), ils ont vite fondé leur propre label (Woodsist) et ont ainsi sorti en huit ans d’existence pas moins de 7 Lp. Il est à parier que 2013 verra donc le sien arriver très vite. Woods est en tournée cet été et si vous ne les avez jamais vu ou entendus, vous pourrez vous rattraper sur La Route du Rock le Vendredi 16 Août au Fort Saint Père (Saint Malo). Le PdR y sera car même en vacances le Rock continue.
Woods joue une musique qui, si l’on ne savait pas de quel coin elle venait, pourrait nous induire en erreur. On y retrouve beaucoup de parenté côté Ouest. Elle sonne en effet très californien. D’ailleurs on pense instantanément aux Byrds, groupe issu du Los Angeles des années 60-70 qui, autour de Roger McGuinn avaient posé les fondements du folk-rock en électrifiant les chansons pop du moment (Bob Dylan et son « Mr Tambourine Man » en tête) et avaient évolué vers du plus psychédélique par la suite. Woods donc, fait penser à cette époque où les gosses à cheveux longs faisaient du skate dans les rues, torse et pieds nus, comme sur ces photos surannées de Hugh Holland (Auteur de Locals Only, recueil photos). Mais Woods a aussi un petit côté Neil Young pour son folk qui se teinte dans leurs mains d’un certain psychédélisme, ce qui fait que là, on assure la grande diagonale des US : du Sud-ouest au Canada. En écoutant Woods, on pense aussi parfois à Bon Iver côté voix (flagrant sur « Down This Road » – Songs of Shame – 2009 ou encore « Holes » sur leur premier Lp de 2007), à Girls in Hawaï (écoutez donc « Til the Sun Rips »…) aussi pour la légèreté de certaines de ses ballades et le besoin que l’on ressent parfois de les écouter immergé dans la nature et ses parfums et non le cul vissé sur une chaise.
Je ne vous conseille aucun album en particulier, ils ont tous un truc. Ce petit truc qui fait que l’on a envie de prolonger l’aventure, de descendre d’un avion, de traverser le tarmac brulé par le soleil californien et de monter dans une vieille Ford Country Squire et de tracer sur la One ou d’aller faire un peu de skate à Venice. C’est là toute la force du groupe issu de Brooklyn, somme toute diamétralement opposé à l’endroit où leurs voix et leur musique vous emmèneront. Sans doute les vagues de Manhattan Beach y sont-elles pour quelque chose ? A moins que cela ne soit plus une question de personne et d’état d’esprit plus que de l’endroit où l’on est…
Que ce soit At Echo Lake, Songs of Shame, Sun and Shade ou encore Bend Beyound, ils offrent tous une palette de morceaux assez étendus, depuis la ballade jusqu’à du plus psychédélique, mais toujours avec ce son un peu crunchy qu’offre le rock garage américain, ce truc qui fait un peu crade mais qui est si bon à entendre. Si vous voulez aller plus loin vous pouvez vous intéresser à leurs deux premiers Lp : How to Survive In The Woods et At Rear House, ce sont aussi de très bons albums qui déjà plantent le style de Woods, même s’ils sont un peu plus bruts dans la réalisation à mon sens, il n’en sont pas moins plaisant à écouter. Côté morceaux vous pouvez aller écouter des choses comme « From The Horn », « I Was Gone », « Bend Beyound », « September With Pete » pour le trip psyché-touch, ou encore « Cali in a Cup », « It Ain’t Easy », « The Number », « Down The Road », « Born to Lose » pour la folk-touch. Ces différents morceaux vous donneront déjà un bon aperçu de ce que ce groupe a à vous offrir. Et si comme moi avec le manque de soleil ambiant vous avez envie d’aller vers la chaleur vous ne serez pas déçus. Pour ma part j’espère que Saint Malo ne sera pas sous la pluie le soir de leur passage, le décalage serait par trop énorme.
Greg Pinaud-Plazanet
Pingback: La Route du Rock: Report | Le * Peuple Du Rock * Webzine