Habitués au succès depuis quelques années, Biffy Clyro revient en 2013 avec un double album qui ravira plutôt deux fois qu’une les fans.
Puzzle (2007) et Only Revolutions (2009), les précédents albums, succès commerciaux, signaient la renaissance d’un groupe un peu mis à mal par trois premiers LP passés relativement inaperçus. Les fans attendaient alors le trois février 2013 la sortie du sixième album, Opposites, comme la date qui couronnerait les dix-huit ans d’existence du groupe et les introniserait au panthéon des remplisseurs de stades aux côtés de Muse et consort.
Loin des préoccupations indies de la nouvelle frange du rayon disques pop-rock Brit’ qui s’évertue à renouveler le genre, Biffy Clyro est un de ces groupes taillés pour les charts qui ne fait pas dans l’expérimental mais revitalise volontiers les heures de gloire du rock alternatif. La presse britannique, connue pour ses critiques acerbes, a accueilli ce nouvel opus avec émerveillement et louanges. Des magazines spécialisés comme Mojo, NME, The Underclassed et Clashed Magazine sont unanimes. Le trio écossais est félicité pour ce qu’il fait de mieux : un math-rock léger mais corrosif, digne de récolter sur scène les sous-vêtements des jeunes filles en fleur les plus effarouchées d’Outre-Manche. Mais c’est sans rougir et en toute honnêteté que le journaliste britannique moyen a assumé s’être trémoussé sur les refrains entraînant des tubesques « Different People » et « Woo Woo » et avoir épuisé la boîte de kleenex aux rythmes des ballades lyriques types « Opposite » et « Biblical ». On est sensible ou pas à ce charme volontiers kitsch et clinquant, mais il n’empêche qu’il faut reconnaître le travail d’orfèvre opéré sur ce double album (édition Deluxe).
La performance repose en effet sur la fluidité dont fait preuve l’album sur vingt-deux titres qui forment un ensemble très digeste, et en cela constitue un véritable tour de force. L’épiderme est sollicité constamment tant les frissons nous assaillent à l’écoute de « The Fog », « The Thrawet », ou encore de l’instrumental poétiquement nommé « The Sand the Core of our Bones ». Mais le trio n’est pas seulement languissant et sait très bien être vigoureux, on pense aux tonitruantes cornemuses de l’épique « Stingin’ Belle » et aux potentiels tubes que nous évoquions un peu plus tôt.
Annoncé aussi pour être conceptuel selon le leader Simon Neil, il faut souligner, pour apporter une nuance à ce que nous disions en ouverture de cet article, l’innovation des titres « Skyline »et « The Fog » pour les influences éléctro et « Spanish Radio » pour ses cuivres hispanisant qui parviennent parfaitement à nous faire éprouver la chaleur des arènes castillanes.
Finalement, Opposites, s’il n’invente et ne révolutionne rien, remplit son contrat et insuffle au groupe une nouvelle énergie créative sous une étiquette d’éternels showmans. Le lancement de l’album et la réception générale est telle, que tout est réuni pour prédire un succès non démérité.
By Anthony Biet