Suite de la première partie que vous pouvez retrouver ici : https://lepeupledurock.wordpress.com/2013/02/06/moment-dintimite-avec-nadeah-partie-1/
PdR: Vous concentrez-vous plus sur la mélodie ou sur les paroles lorsque vous écrivez une chanson?
Nadéah : « Je dirais la mélodie. »
Cela vous vient-il plus simplement?
« C’est juste qu’une mélodie est déjà pleine d’émotions. Je cherche des paroles à partir de cela, et parfois celles-ci font ressortir certaines émotions dont je ne soupçonnais pas l’existence. Lorsque j’entends un bon mot je l’enregistre juste dans mon téléphone ! Peu importe l’heure du jour ou de la nuit, je dirais toujours: “Dépêche toi ! Attrape le téléphone ! Je dois écrire ça !” Et lorsque je trouverais ça plus tard, j’essayerais de tirer quelque chose de bien ! »
Je suppose que c’est plus simple pour vous d’écrire des chansons en anglais?
« Non, cela m’est déjà arrivé d’en écrire en français. J’étais assise dans un club et j’écoutais un très mauvais groupe expérimental. Je m’ennuyais à mourir ! Mes cheveux étaient sales et je me grattais la tête. Mon ami m’a demandé ce que j’avais et je lui répondu: “Oh, j’ai des petites bêtes dans ma tête.”* Et cela m’a inspiréune chanson ! Je l’ai terminée lorsque que je suis rentrée chez moi et je l’ai appelé “L’Exterminateur”*. »
*En français dans le texte.
Quel genre de musique aimez-vous écouter?
« En fait, je n’aime pas écouter de la musique parce que c’est trop éprouvant émotionnellement parlant. J’aime écouter des choses que je connais déjà comme Simon et Garfunkel. Je me sens alors en sécurité! C’est un vrai cocon pour moi vous savez !Je considère par exemple la musique de Feist comme un remède puissant ! »
Vous avez débuté votre carrière avec un groupe appelé The loveGods. Comment ce nom vous est-il venu?
« Vous voulez vraiment savoir ça ? Et bien j’étais très branchée spiritualité, pas religion, mais spiritualité. J’ai pensé: “Quelle est la chose la plus importante au monde?” Aimer Dieu. Je veux dire, si nous sommes tous Dieu, aimer Dieu signifie aimer les gens. C’est pour ça que c’est un petit “l” et un “G”majuscule, Dieu signifiant la conscience. »
Comment décririez-vous le style de The loveGods?
« Je dirais rock alternatif épique ! »
Comment cela s’est-il terminé?
« Nous avons sortie deux albums en quatre ans, et puis je me suis fait virer d’Angleterre ! Ça a été une bonne chose parce que je n’aimais pas vivre là-bas. J’ai été très heureuse d’être envoyée en France! »
Donc vous êtes arrivé à Paris et vous avez recommencé à écrire des chansons… Y-a-t-il quelque chose de fascinant à propos de la France pour les artistes ?
« J’ai toujours voulu venir en France. J’ai vécu ici pendant un an avant de rencontrer le gars avec qui j’ai formé The loveGods. Lorsque je suis arrivé ici la première fois il s’est passé quelque chose de formidable : J’ai perdu mon passeport dans le train ! C’était génial de se retrouver coincé à Paris ! Je jouais juste de la musique dans la rue et des gens me prêtaient leurs appartements pour prendre des douches etc. donc je n’ai jamais dormi dehors. Et quelqu’un m’a trouvé un travail ici avant même que j’arrive ! C’est ce que j’appelle un accueil chaleureux ! Ok pour moi ce n’était pas un super job, vous savez, j’étais réceptionniste mais quelqu’un qui vous donne un travail sans même vous rencontré, c’est ça la France pour moi! »
Plus tard vous avez rejoint Hollywood Mon Amour, et puis Nouvelle Vague. Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans ces deux projets plutôt imposants ?
« En fait, j’ai rejoint Nouvelle Vague parce que j’avais arrêté de faire de la musique. J’avais prévu d’étudier la psychologie donc je devais apprendre le français pour profiter du fait que vous avez des universités plus ou moins gratuites. Un des étudiants avait invité Marc Collin à un petit concert que je donnais au Réservoir.Il m’a dit à l’issu qu’il avait quelques chansons pour Hollywood Mon Amour. Il n’avait pas pu trouver la voix appropriée pour les interpréter. Je lui ai alors répondu: “Si vous voulez je pourrais venir en enregistrer quelques-unes après mes examens … » Il a aimé ce que j’ai fait et après un mois il m’a demandé de rejoindre Nouvelle Vague. Nous sommes tout de suite partis pour une tournée de trois ans. »
Cela a-t-il changé quelque chose pour vous en tant qu’artiste?
« J’avais arrêté de faire de la musique donc cela a tout changé ! Cela m’a redonné la foi dans la musique ! J’étais très déprimée à l’époque parce que je pensais qu’après dix ans, si cela avait dû se produire, cela aurait déjà eu lieu ! Je n’avais pas de diplôme et ma fan base était en Angleterre, donc je ne savais vraiment pas quoi faire.
Donc oui, cela m’a vraiment redonné la foi et cela m’a permi de me rapprocher des gens. C’était également une expérience relaxante parce que ce n’était pas mon projet donc tout ne reposait pas sur mes épaules. Vous comprenez, vous êtes un des interprètes principaux mais vous n’avez pas à écrire de chansons etc. Vous n’êtes pas impliqué de la même manière dans un projet qui n’est pas le vôtre. »
J’ai vu que vous aviez repris »Happiness is a Warm Gun »en 2007. Les Beatles ont-ils influencé votre musique?
« Pour qui n’ont-ils pas joué un rôle ?! Si vous faite de la musique et que vous détestez les Beatles, j’aimerais vraiment vous rencontrer pour comprendre ! Leur musique a été tellement variée ! Si dans toute leur discographie vous ne pouvez pas trouver une chose que vous appréciez, je ne sais pas quoi dire ! C’était mon groupe favori quand j’étais jeune. Lorsque j’avais huit ou neuf ans, mon père disait à tout le monde que je les aimais. Je pensais que ce n’était pas cool donc je lui disais toujours: “Chut! Ne le dis à personne! Dis leur que j’aime des nouveautés comme Cindy Lauper, mais pas les Beatles!” »
Avec qui aimeriez-vous travailler ?
« J’aime beaucoup Feist et Balthazar. J’aimerais aussi travailler avec Paul Simon. Et qui sait, Janis Joplin et Jimmy Hendrix pourraient accepter de revenir parmi nous! »
Et enfin, où vous voyez-vous dans 10 ans?
« J’aimerais être encore sur scène, avec mes quatre enfants faisant les chœurs! Et n’oublions pas le chien ! »
Alors que nous allions nous quitter, Nadéah nous offre une reprise de toute beauté de « The Sound of Silence » de Simon et Garfunkel. Emportés par cette performance magnifique, nous ne pensons même plus à quitter la pièce. Le temps semble ralentir et nous serions prêtes à écouter cette jeune artiste de talent pendant plusieurs heures. Une seule chose est sûre ce soir, vous allez longtemps entendre parler de Nadéah !
Propos recueillis et traduits par Jessie
By Jessie