Nadéah, de son vrai nom Nadya Miranda, est une artiste folk-rock de grand talent. D’origine australienne, cette globetrotteuse de la musique n’a pas sa langue dans sa poche et ses réponses sont comme ses textes, pleines de malice et de joie de vivre ! Allez-y, continuer de lire, vous n’allez pas pouvoir résister à son charme !
PdR : Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous ? Qu’avez-vous étudié ?
Nadéah : « Je n’ai pas étudié la musique, mais cela a plus ou moins été mon seul et unique métier. »
Avez-vous toujours eu l’intention de faire de la musique ?
« J’ai toujours adoré la musique et j’avais pour habitude de jouer du piano à la maison. J’aimais vraiment ça mais par contre je détestais étudier le solfège. A chaque fois que quelqu’un me forçait à étudier, je ne jouais tout simplement plus. Ma mère me disait toujours “Joue ce morceau pour ces gens” alors je me cachais dans ma chambre. J’étais probablement la personne la plus timide que vous pouviez trouver pour faire de la musique donc c’est assez étonnant que ce soit mon métier maintenant !
J’ai commencé à écrire mes propres chansons lorsque j’avais environ douze ans. Les samedis soirs, j’appelais les renseignements et je leur jouais mes morceaux. Certaines personnes me disaient: “Allez fillette, n’abandonne pas l’école !” D’autres disaient: “Oh c’est vraiment très bien!” C’était mon premier public, par téléphone! A l’âge de 16 ans, je suis sortie avec beaucoup de mauvais garçons mais ils jouaient tous de la guitare donc je suis juste passée d’un petit ami à l’autre pour apprendre à en jouer ! J’ai décidé plus tard que je voulais devenir pharmacologue et créer des médicaments parce que j’étais vraiment branchée Pink Floyd et Led Zeppelin. Au lieu de cela j’ai trouvé la musique. J’adorais Janis Joplin, Jimmy Hendrix et Simon and Garfunkel.
Je suis arrivée en Europe à dix-huit ans, prétextant être mannequin. A mon arrivée en Angleterre, je ne me suis pas rendu à l’agence. Bien qu’ils aient dépensé tout cet argent pour moi, je me suis enfuie ! J’ai préféré aller jouer de la guitare au bord des lacs suisses avec un garçon que j’avais rencontré dans l’avion. Je suis ensuite arrivée en France. Plus tard, j’ai fait la connaissance de plus de garçons et j’ai joué de la musique avec eux. J’ai fait ça en Angleterre, en France, à New York et à Los Angeles, pour finir par revenir en France. »
D’où vient votre nom de scène, Nadéah?
« Lorsque j’avais dix-huit ans, je l’ai rêvé. J’étais branchée numérologie à l’époque donc je devais m’assurer qu’il y avait le bon nombre de lettres et voir à quel nombre cela était égal. Je ne m’en souviens pas, je crois que c’était vingt et un … »
Tout à l’heure, vous parliez de vos parents. Sont-ils dans la musique?
« Même sous la torture, mon père ne pourrait pas chanter juste ! Il ne peut même pas applaudir en rythme ! Mais ma mère et mon grand-père ont étudié le chant classique. Ils m’ont appris mes premiers accords à la guitare. Ils avaient tous les deux trop d’appréhension pour se lancer dans la musique donc j’ai supposé que je devais transcender leur peurs et le faire moi-même mais cela a été très dur. Je pleurais et me cachais dans un coin avant les concerts. J’avais tellement peur! »
Et maintenant?
« Je pleure très souvent dans un coin avant les concerts ! »
J’ai lu dans votre biographie que vous avez une sorte de mantra, un conseil que vous donnez aux gens: “Quoi qu’il arrive, faites-en quelque chose de positif.”
« La maison de disque m’a fait dire ça! Ils avaient besoin d’une phrase type mais j’y crois vraiment! Je crois que c’est très important que quoi qu’il arrive, vous devez en faire quelque chose de bien. Vous vous sentez mal, faites quelque chose ! Vous vous sentez bien, faites quelque chose ! »
Quel genre de relation entretenez-vous avec votre public?
« Je m’emploie à ce qu’il n’y ait pas de barrière entre nous. Vous savez, je préfèrerais finir un concert debout au milieu de la foule,en regardant le groupe. Nous contribuons tous à l’élaboration d’un concert. Les gens sur scène ne sont rien sans le public et vice et versa.
Sur scène, je tente d’exploiter les plus vulnérables émotions humaines. Avec un peu de chance, les gens qui ont du mal à s’ouvrir aux autres trouveront ce qu’ils recherchent dans mes morceaux. Tout à l’heure nous chantions “The Sound of Silence” de Simon & Garfunkel. C’est impressionnant de voir l’effet qu’une bonne chanson à sur vous! Cela vous va droit au cœur plus vite que n’importe quel mot ! Cela transcende les mots et c’est ce que j’aime à propos de la musique. »
Préfèreriez-vous plutôt que votre musique fasse pleurer ou sourire les gens?
« J’aimerais que ma musique soit semblable à une fleur. Chaque pétale serait une émotion et vous passeriez de l’une à autre… Aucune émotion n’est plus importante qu’une autre. Cela fait juste partie du fait d’être humain. »
Parlons de vos influences musicales. Qui sont les artistes qui ont joué un rôle majeur dans votre carrière?
« Lorsque j’avais seize ans, quelqu’un m’a acheté un billet pour voir Michelle Shocked. C’est une artiste folk. J’ai immédiatement pensé : “Je veux faire la même chose que cette femme”. Tracy Chapman et Janis Joplin m’ont également donné l’envie de faire ce travail. »
Était-ce votre premier concert?
« Non, j’ai d’abord vu un très mauvais artiste australien. Il chantait d’épouvantables chansons! Bref, il était si populaire que je suis allée le voir, à mon grand regret. S’il vous plaît ne le dites à personne ! »
C’est impressionnant de voir comment un seul artiste peut avoir un tel impact sur la vie de quelqu’un !
« C’est ce qui est passionnant dans le fait de faire ce travail! Lorsque je signe des albums après un concert, je rencontre souvent des jeunes filles et je leur demande: “Est-ce que tu chantes, danse ou joue un instrument?” et elles répondent par l’affirmative. J’espère que cela les aide à avoir assez confiance en elles pour faire ce qu’elles souhaitent. Vous savez, c’est excitant lorsque quelqu’un vient vous voir après un concert et vous dit: “J’ai une guitare à la maison. Elle trainait là depuis six ans mais je me sens inspirée pour en jouer maintenant.”Je ne suis pas très douée donc ce qui est bien c’est que vous pouvez me voir et penser que vous pourriez faire de même. Ce n’est pas comme si vous alliez voir le concert d’un virtuose ! »
Votre musique est-elle autobiographique ?
« J’aime m’inspirer de la réalité donc cela peut ne pas être nécessairement ma réalité mais c’est une réalité à laquelle je suis exposée. »
Y-a-t-il un endroit particulier qui vous inspire pour écrire vos chansons?
« Certainement pas le studio d’enregistrement à Paris! Bien que je travaille beaucoup ici je l’aime mais… je préfère Los Angeles! Je suis très inspirée à L.A. Je ne sais pas si ce que je fais là-bas est bien mais j’y suis très productive. »
Vous préfèreriez donc plutôt être sur scène que dans un studio d’enregistrement?
« Non, j’adore l’écriture de chansons. J’aime composer lorsque que je ressens de fortes émotions. Cela devient alors très simple. Lorsque j’écris une mélodie ou quoi que ce soit d’autre je dois être émue, sinon je me sens un peu perdue !
Je pense que nous pouvons trouver certaines relations entre harmonie et mélodie dans les chansons. C’est souvent très cliché mais c’est ce que je recherche parce ce que cela émeut vraiment les gens. Lorsque je trouve quelque chose qui peut plaire à la fois au public et à moi-même, je sais que cela vaut le coup d’écrire une chanson à ce propos. »
Y-a-t-il des moments particuliers qui ont fait une forte impression sur vous pendant que vous écriviez vos chansons?
« Je m’intéresse beaucoup à la manière dont s’écrit une chanson. En fait, je ne pense pas vraiment que j’écris des chansons. Je dirais plutôt que je pioche des choses dans l’air parce que, vous savez, la créativité c’est pour tout le monde.
Après ma rupture, j’ai commencé à écrire une chanson avec le piano qu’avait laissé mon ex. Normalement j’enregistre ce genre de chose sur mon téléphone mais je l’avais perdu. J’ai perdu quatre iPhones l’année dernière ! Enfin bref, je ne l’avais pas sauvegardé donc elle m’est sortie de la tête. En Février, je me suis rendue aux Etats-Unis. Mon portefeuille a été volé et ma voiture s’est fait emboutir. J’étais seule et vraiment déprimée donc c’était un vrai bazar! Mes amis m’ont proposé d’aller me faire faire un massage. Il ne me restait pas d’argent donc ils m’ont donné trois-cent dollars! Je me suis donc rendue dans ce salon de massage et j’ai entendu une musique qui m’a rappelé la chanson. Je suis immédiatement rentrée à la maison pour la finir et elle sera sur mon prochain album ! C’est impressionnant de voir comment une mélodie peut se reconstituer ! Si une chanson doit être faite elle va être faite, soit par moi, soit par quelqu’un d’autre. Ecrire c’est très souvent comme un remède pour un artiste, jusqu’à ce que cela en devienne un pour d’autres personnes. »
Est-ce que faire de la musique est thérapeutique?
« Faire de la musique peut être thérapeutique, mais cela peut aussi être vraiment embêtant ! Je veux dire, parfois vous n’êtes inspiré par rien, et vous ne pouvez pas trouver quelque chose que vous aimez même si vous avez tout ce dont vous avez besoin. Vous savez, quand vous avez une bouteille d’eau parfois vous l’aimez parce que vous avez très soif, et parfois c’est une vrai plaie parce qu’elle est lourde. Vous pouvez avoir d’innombrables relations avec la même pauvre bouteille d’eau et c’est la même chose avec la musique ! »
La deuxième partie de l’interview sera publiée dans quelques jours.
Propos recueillis et traduits par Jessie
By Jessie