Il y a de ces villes qui possèdent des synergies artistiques puissantes. Et d’autres qui possèdent autant d’aura qu’une branche de céleri.
Nancy s’inscrit dans la première catégorie. C’est encore tout frais. Cela se construit. Tout commence il y a deux ans avec Aerial, le quatuor pop/rock/électro, qui a bossé main dans la main avec L’Autre Canal, la scène actuelle de Nancy. Puis vient Backstage Rodeo ; s’ensuivent la création d’une scène garage rock de talent, parmi lesquels The Capture, Hoboken Division, et, venons-y, The Napoleons.
Du garage rock nonchalant, des guitares grésillantes, des compos désinvoltes. Presque rebelles.
Le groupe, encore frais, puisque formé en 2010, n’a pourtant plus grand-chose à voir avec l’amateurisme. Peut-être parce que les cinq comparses sont buddies (copains) de longue date.
Leur premier EP, Mud, Sand Overseas, sorti en février 2011, surprend. On commence doucement, s’il vous plait, avec « One by One », esprit collège rock, ballade adolescente amoureuse, guitare épico-lyrique sur les refrains et les solos. Puis vient « Magnetism », mélodie plus provocante et guitares revendicatives. Le rythme s’accélère. Un morceau bourré de gimmicks. ( You wanna, you betta, you gotta… ), des riffs carrés, classes, entêtants… Place à « Louisiana ». Toujours dans l’énergie, les guitares, la mélodie, le chant… tout se fait plus sombre, défiant, et sexy. Basse rythmique et guitare blues, avec cette touche totalement crunchée. On voit se dessiner le rock, le pur. Il fallait bien l’illustrer …
L’EP quatre titres, finit par « I.J.I.M.P » (comprendre I Jeez in my Pants), qui finit de dessiner la silhouette et l’âme rock, provoc’ et je-m’en-foutiste des Napoleons. Une voix plus rauque, un mélange entre minimalisme des couplets, énervement des refrains, grésillements, guitares au son bien sales, arrosées de fuzz, encore et encore. Le style évoque sans aucun doute possible The Stooges. Ou, plus d’actualité, les francos-amerloques The Dukes (réunion d’anciens de No One, Superbus, et le fiston d’Eliott Murphy)
Un EP scindé en deux, entre deux morceaux un peu plus crémeux et deux morceaux plus métalliques. Je ne vous cache pas que je préfère la seconde partie. Bien au-delà de mes goûts personnels. Il manque, dans « One by One« , un poil de maturité ; et dans le chant et la composition, cette touche délurée totalement appréciable, qu’on retrouve, montant crescendo, dans les trois autres titres. Mais globalement, les débuts sont prometteurs. J’attends avec impatience d’observer leur évolution : le groupe formé il y a si peu de temps a déjà une cinquantaine de concerts sur son carnet de route, et voyage entre la Belgique, Nancy, Paris, Montpellier… Il faut de la fougue et de l’énergie pour oser percer une brèche dans la scène rock française. Cela n’a pas l’air d’effrayer The Napoleons.
A noter qu’ils adorent jouer dans des caves : L’International, qu’on ne présente plus, et surtout le Trokson, ce mythique bar lyonnais de punk à chiens où il fait bon de boire une girafe et de pisser dans les toilettes dégueulasses imitation saloon (mais c’est une autre histoire), qui remporte haut la main le prix de l’ambiance la plus rock et celui de la scène/cave la plus étroite au monde. Mes pieds lacérés en témoignent.
Actu: Leur prochain EP sortira au printemps 2013.
The Napoleons participent également au concours Ricard Live Music. Pour les soutenir, c’est par là :
http://www.ricardsa-livemusic.com/lance_toi_en_live_2013_video.php?id_video=5726
By Sophie Louy