Et si 2012 était l’année Canadienne? On a vu et entendu à peu près partout la musicienne électro Grimes (alias Claire Boucher) avec son excellent album Vision, sorti au printemps dernier ou bien encore le petit groupe Each Other. C’est aussi au mois de mars que nous avons découvert Mac DeMarco.
Ce jeune canadien de 22 ans seulement, habitant à Montréal, sortait son premier EP Rock and Roll Night Club (composé quand même de 12 morceaux), chez le label indé du moment Captured Tracks, pour notre plus grand plaisir. Il a démarré la musique dans un duo nommé Makeout Videotape, réalisant alors quelques EP. Ce musicien assez mystérieux, glandeur, amoureux des cigarettes Viceroy, marque la moins chère et la plus mauvaise de tout le Canada (une des chansons de son deuxième album en fait l’éloge : Ode to Viceroy) nous propose donc sur ce premier opus de découvrir son univers inspiré autant par les Beatles, Georges Harrison étant son guitariste favori, que par le musicien soul Shuggie Otis, ou bien encore par Weezer. Nous voyageons à travers un rêve américain typé années 50, rempli de Diners, de blue-jeans, de night clubs et d’amours naissants. Le son est très soigné, original, lo-fi, rétro et même ralenti pour donner un aspect rêveur et embrumé… Sa voix grave étonne vu sa dégaine avachie digne d’un rockeur nonchalant des 90’s, à l’image d’un Thurston Moore et qui rappelle en même temps celle d’Elvis ou des crooners des 50’s, remis au goût du jour. Tout le disque est entrecoupé de fréquences radio appuyant cet aspect rétro et rappelant l’âge d’or de la FM. Tout l’album est très cohérent, avec des chansons excellentes que l’on écoute en boucle comme « Baby’s Wearing Blue Jeans » ou bien « I’m a man ». On peut aussi s’imaginer dans un club digne de Twin Peaks, planant, rempli d’amoureux transis et de lumières tamisées. Il écrit ses chansons dans son appartement montréalais avec la télé en fond, sans prétention. Les deux dernières chansons en finissent avec cette image de mec crooner bizarre, obsédé par une paire de jeans et apporte une connotation plus joyeuse et amoureuse à l’album ainsi qu’ une voix plus naturelle, plus douce. Cet opus oscille donc entre bouffonnerie maladroite et crooner sincère.
Puis au mois d’octobre, il sortait déjà son deuxième album intitulé 2. Il n’a toujours pas gagné en sérieux sur cet opus confirmant son statut de glandeur, d’ovni dans le rock. Quoique les textes sont plus forts. Il parle de la vie en général comme dans la chanson d’ouverture, « Cooking Up Something Good » qui raconte l’adolescence, l’ennui et la vie banlieusarde. Il démontre son statut de musicien très prometteur à surveiller attentivement. Il mélange ici la pop avec des morceaux comme « The Stars Keep On Calling My Name » ou « My Kind Of Woman » (meilleur titre de l’album, véritable ballade amoureuse digne d’un bal de promo) et le folk décalé comme le morceau « Still Together ». Il maîtrise toujours son instrument, jouant d’un son clair, l’utilisant parfois de manière inhabituelle créant comme une cascade de notes. Son premier essai était excellent et son deuxième vient confirmer se talent. Son personnage n’est jamais saisissable car entre grosses blagues, attitude nonchalante et réelle fibre musicale, on n’arrive pas vraiment à le cerner mais c’est ce qui contribue à son succès qui ne fait que grandir. Artiste à surveiller de près et à écouter d’urgence si vous ne connaissez pas. Mac DeMarco est donc un des musiciens du moment et son excellente musique fait plaisir et donne espoir en la musique actuelle.
By Diego Seval