Review

Carrie Underwood et la maturité

Les télés-crochets font-ils vraiment du mal à la musique ? C’est une question que l’on peut se poser en France, notamment après le torrent de critiques qu’à suscité la carrière de Jennifer à travers sa participation dans The Voice. Pas la peine de les re-citer là, mais la tonalité de ces critiques ciblaient l’incompétence de l’artiste pour juger les talents de ses compatriotes.

Pour en juger (mais ces critiques ciblent aussi les candidats de ces émissions dont Jennifer est l’exemple flagrant et la tête de truc assez facile, il faut bien l’avouer) la critique de ces émissions constitueraient un article entier à bâtir, insistons donc sur « ce qui marche », puisque la réalité n’est jamais ni blanche, ni noire.

Prenons l’exemple, certes américain (sorte de retour à la source de ces émissions): Carrie Underwood. Elle a su représenter en 6 ans (depuis 2006) une certaine idée de la country music en sortant pourtant d’American Idol, le concept original repris en France sous le titre Nouvelle Star.

Carrie Underwood est née le 10 mars 1983. Elle a vécu de nombreuses années dans la ville de Checotah, Oklahoma, où elle appris à jouer de la guitare et du piano. Elle eu une opportunité avec Capital Records en 1996, qui voulut lui faire signer un contrat. Mais cela ne se fit pas, et Carrie continua à chanter dans de nombreux événements à Checotah. Parallèlement, elle poursuit des études de communication : elle obtient son diplôme et a l’envie de se lançer dans une carrière de journalisme. Elle a aussi joué  comme quarterback dans l’ équipe universitaire de sa confrérie à la Northeastern State University, c’est une anecdote qui ne frappe pas au premier abord mais assez rare pour une fille…

Elle se lance dans les auditions de la saison 4 d’American Idol. Faisant un parcours sans fautes, depuis sa première reprise d’une chanson de Bonnie Raitt « I Can’t Make You Love Me » jusqu’à la dernière chanson chantée « Angels Brought Me Here », une chanson de l’artiste pop Guy Sebastian, elle sait conquerir à la fois le public et la critique à travers le juge Simon Cowell qui lui prédit une longue carrière. Elle n’oublie pas pour autant son univers musical, la country, avec notamment la reprise d’une de ses chansons préférées, « Independance Day » de Martina McBride.

Carrie Underwood gagne la compétition : les choses s’emballent. Une tournée avec l’artiste country Kenny Chesney, son premier album, Some Hearts, fait un carton, et contient des chansons qui passent encore sur les radios country aujourd’hui : « Jesus, Take The Wheel », « Wasted », « Before He Cheats ». En 2010, elle a à son actif 10 singles classés numero 1, 3 albums qui ont tous étés numero 1 des charts country, sans compter les awards country. C’est un réel phénomène aux Etats Unis. Cela est dû essentiellement à sa faculté de « crossover » (sans renier la country), et à son attitude de diva excitée, à la fois vocalement exceptionnelle, mais aussi très rock et country, comme en témoigne ses performances live d’entertainer sur sa chanson issue de l’album Play On en 2009: « Undo It ».

Steven Tyler et Carrie Underwood lors des ACM 2011, chantant « Undo it »

Le dernier album de Carrie Underwood, Blown Away est sorti le 1er mai. Ce qui frappe dès le départ, c’est la grande part de chansons qu’a co-écrit Carrie Underwood pour cet album. Chanter une chanson est une chose, l’écrire en est une autre. C’est un premier signe de maturité. Le second vient du fait que Blown Away n’est pas ce qu’on pourrait appeler un album « personnel », comprendre: tournant autour de sa seule personne. Il ne raconte pas sa vie, comme semble le faire Taylor Swift de façon exclusive par exemple, à part sur « Good And Goodbye » ou « Forever Changed » qui se trouvent être deux chansons biographiques.

L’atmosphère de l’album est très noire et délibérement théâtrale. Dès les premiers titres, si on excepte « Good Girl », le titre le plus rock de l’album et premier single abouti, on obtient une ambiance très pop-rock, à l’image de la pochette de l’album, très ténébreuse. A contrario des Rascal Flatts, ce ne sont pas des ballades romantiques, mais au contraire très noires, avec des histoires parfois sordides (comme dans « Two Black Cadillacs », dont je vous laisse imaginer de quoi elle parle), « Good And Goodbye », ou encore le titre « Blown Away ». Les premiers titres laissent apparaitre un très bon album qui pourrait être classé dans la catégorie pop (comme en témoigne « Do You think about me », très « ladyantebellumesque »).

Le dernier album de Carrie Underwood, « Blown Away » sorti le 1er mai

Mais la country revient à la charge avec la deuxième partie de l’album, toujours aussi noire que la première, mais plus rythmée (comme l’essai de style reggae de « One Way Ticket », à l’image du travail de Kenny Chesney), et correspondant plus à l’imaginaire country. On y trouve même un duo avec son ami se trouvant être une des personnes qui compte le plus dans sa vie d’artiste: Brad Paisley, dans « Cupid’s Got A ShotGun ». C’est aussi avec lui qu’elle présente depuis 2008 les CMA Awards, la cérémonie country la plus connue. La fin de l’album, avec « Who Are You » écrite par le songwriter officiel de Shania Twain, Robert Mutt Lange, revient aux fondamentaux de l’album, un album pop-country très agréable à écouter donc, plus interessant que ses précédants travaux.

Il domine les charts des albums country depuis le 19 mai. Un succès commercial assuré par une fanbase solide et fidèle, et de très belles chansons. C’est ça Carrie Underwood. Alors, bien-sur, elle est sortie d’American Idol, mais cela fut un tremplin magnifique. Des gens ont crus en elle, et elle a progressé comme cela. Cet album n’est peut être pas un point culminant de sa carrière, mais c’en est un point important: celui où elle commence à se démarquer et à prendre confiance en elle. Son mariage avec le joueur de hockey Mike Fisher qui a eu lieu il y a peu n’y est surement pas pour rien.

Les télé-crochets ne sont pas forcement le mal absolu, la jurisprudence Carrie Underwood  nous le montre.

Blown Away – Carrie Underwood – 2012 – Arista Nashville 

By Mickael Chailloux


Une réflexion sur “Carrie Underwood et la maturité

  1. Superbe article. Carrie est la preuve que l’on peut sortir d’un télé-crochet et pourtant réussir dans le monde de la musique.
    Je suis fan depuis 2006. Il est vrai qu’elle a gagné en maturité depuis toutes ses années.
    Son dernier album, Blown Away est excellent et mon préféré. Il y a de tout dans cet album, c’est ce que j’aime. Je l’écoute en boucle depuis le 1er Mai.
    Ce qui caractérise également Carrie, et qui fait que je l’aime tant aussi c’est son naturel. Elle est proche de sa famille et de ses amis et garde les pieds sur terre.

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