Deuxième avis de tempête bretonne, après les Wankin’Noodles que je vous présentais la semaine dernière, voici les quatre fois plus pops que rocks : les Popopopops ! Vanessa du Peuple du Rock nous avait déjà fait part de cette « découverte » et de son envie de mieux les connaitre… Et bien, dans quelques minutes, ça sera chose faite!
Rennais encore et toujours, ils étaient de passage à Paris au mois de Mai à l’occasion de la sortie le 21 de leur premier EP : A Quick Remedy. Mais avant de faire plus ample connaissance, informons-nous un peu sur cet enième groupe français au son si British (New Order, The Foals, ça vous parle?)…
Les Pops, pour se la faire courte, se composaient de quatre jeunes et beaux lycéens Rennais. Ca, c’est à la base. Victor (chant et clavier), Vincent (guitare), Guillaume (batterie) et Simon (basse) ont donc d’abord répété au lycée Emile Zola, comme n’importe-quels autres jeunes… Mais pas tout à fait. Ceux là s’imposent une rigueur qui sera surement la clé de leur constante évolution vers une musique plus professionnelle. Les petits concerts locaux en 2008 ne se font pas attendre. Ni leur découverte aux TRANSMUSICALES d’ailleurs, avec leur titre innocent et efficace Dance Tonight, passage obligé des tendances musicales de demain. La même année, une tournée les amène au-delà des frontières françaises, en Russie ou encore en Amérique du Nord. Ils font même la première partie des Pony Pony Run Run (de Nantes et d’Angers d’ailleurs… leurs voisins !) en 2009 au Zenith de Paris ! Rien que ça. La suite logique des choses : les prix et les honneurs (vainqueurs du prix CQFD des Inrocks), une participation au festival EUROSONIK (ils se font les crocs sur des espagnols, des allemands, des hollandais…). Un documentaire de 52’ leur est consacré en 2010, « Pop Up The Pops » diffusé sur France 3. Enfin l’année dernière le groupe signe avec leur label ZRP et le producteur de tournée Azimuth.
En 2012, leur EP de cinq titres enfin sorti s’écoute en boucle. Le single « My Mind Is Old » ne nous laisse pas le choix d’aimer ou non et la pop fraiche, estivale et sautillante de « Colors » fût ecrit en collaboration avec Gaétan Réchin des Pony Pony Run Run. Il y a aussi le morceau « R’n’R » ou les Foals en puissance subwoofer s’empareraient physiquement de nous… La préparation d’un album est déjà en vue, les Parisiens ont succombé mercredi dernier à leur concert au Nouveau Casino (live report plus bas), et d’autres concerts sont à venir en juin et juillet. Pas de repos pour eux, sauf le temps d’une interview sérieuse sans en avoir l’air (tout comme eux)!
Mais avant, laissez-vous tenter par l’addictif My Mind Is Old, en session rien que pour les belles oreilles du Peuple du Rock !
PdR : Dites-nous, pourquoi les Popopopops ?
– Ca vient d’une chanson d’NTM : Seine St-Denis Style. On cherchait un nom à l’époque, j’écoutais pas mal cette chanson et on trouvait amusant de rendre hommage à une chanson de rap alors qu’on fait de la pop.
Vous faites le grand écart. Vous aimez l’éclectisme dans votre musique ?
– Ouais clairement !
PdR : Vos gouts sont très différents les uns des autres ?
– C’était le cas surtout au début. On se rejoint sur beaucoup de trucs maintenant parce qu’on sait aussi où on va mais au début on venait vraiment d’influences musicales différentes. Ca a mis quelque temps avant de s’harmoniser. Maintenant on essaie au maximum de les mettre dans notre musique sans que ça soit un fourre-tout pour autant. On essaie de garder une ligne directrice cohérente.
PdR : Pour vous, le fait d’avoir des influences divergentes c’est plutôt un frein ou au contraire une source de création ?
– Ah non clairement c’est positif.
– Il y a les deux parce-que parfois on va être convaincu que ce qu’on apporte de différent c’est top, mais les autres ne vont pas du tout s’y retrouver… mais ça en vaut la chandelle !
PdR : Qu’est-ce que vous avez en commun alors ?
– Notre gout pour la mode ! [rires de tous]. Non, mais on nous a posé beaucoup de questions sur la mode en interview!
PdR : C’est vrai ? Je pensais plutôt musicalement.
– On a tous envie de faire de la pop, mais plus dans le format classique couplet-refrain-couplet-refrain. Et ensuite dans ce format là, on essaie de faire des trucs originaux. Tu vois l’idée ?
PdR : Quels artistes plus particulièrement vous avez en commun alors?
– Ben alors il y a les Foals…
PdR : Alors oui, ça s’entend beaucoup dans votre musique…
– Merde… On est grillé !
– On nous l’a dit mais, objectivement, on le sait. Inconsciemment comme on est tous transcendé par le groupe et par les deux albums ainsi que par leurs lives, forcément on reproduit ce qu’on a entendu ou des attitudes qu’on aime. Ca a vraiment été le cas sur certains titres mais là, je pense qu’on s’en affranchi pas mal parce que c’est loin d’être l’unique source d’inspiration que l’on aie.
PdR : On a limite envie de fredonner les Foals parfois en écoutant l’EP… Le 3eme titre par éxemple, R’n’R.
– Ah vas-y, vas-y, qu’est-ce que tu chantes dessus ?
PdR : Euuuuuh… ça me reviendra tout à l’heure ! [rires] Mais c’est un compliment d’être comparés au Foals ! Du coup votre son est très crédible. Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de jouer en Angleterre mais je suis sûre que même Outre-Manche vous seriez acclamé.
[A l’heure où j’écris ce papier, je m’en souviens : je pensais au morceau Big Big Love de l’album Antidotes et ces « Oh ! Electric shocks, no ! », désespérément scandés. En réécoutant, on sent bien la démarcation des Pops par leur ambiance plus lourde et grâve, les sons électriques sont plus puissants en basses que les Foals].
– On était loin des Foals avec ce morceau R’n’R car on était plus dans une énergie dubstep pour la rythmique, même si on l’a un peu allégé par la suite, et hip hop pour la voix, figure-toi. Les Foals se retrouvent peut-être dans le jeu de fin de la guitare.
– On essaie de s’affranchir parce-qu’on est en pleine recherche de notre son, on ne voudrait pas être dans une sorte de revival ou copie d’un groupe. On a souvent du mal à répondre à la question « Quel est votre style de musique ? », parce que nous ne sommes pas assez objectifs. On préfère avoir la réaction des gens qui eux, ne considère pas notre musique de la même façon. Les interprétations que l’on n’aurait pas imaginées sont parfois très intéressantes.
PdR : On a l’impression que vous souhaitez prendre votre temps pour trouver votre son, puisque c’est 3 ans après votre remarquable apparition aux Transmusicales de Rennes que vous avez sorti, le 21 mai dernier, votre premier EP… Est-ce intentionnel ?
– En fait on s’est concentré sur le live ces dernières années. C’est assez dûr de se poser pour composer et entrer en studio quand on est pris par une dynamique de live. Du coup, on a fait ce travail là à partir de janvier 2011. On a pris le temps et c’était un choix. On a commencé l’enregistrement à la fin de l’été 2011 et on l’a fini en janvier 2012. On a fait des prises dans pleins de lieux différents avec notre ingé son, qui est le colocataire de deux d’entre nous d’ailleurs…
– C’est un peu le 5ème membre du groupe, il s’appelle Mitch.
– Il fait notre son en live et nous a aidés à enregistrer aussi.
– C’est-à-dire que sans lui on n’aurait pas forgé le son qu’on a aujourd’hui. C’est un technicien, il a une connaissance du son en enregistrement et en live qui est très précieuse pour n’importe qu’elle groupe indépendant à la recherche d’un son en particulier. Il donne de la cohérence à l’ensemble de notre répertoire.
PdR : Il y a peu de groupes qui font part de leur attachement à un technicien en particulier pour travailler le son, je trouve ça bien que vous nous précisiez un peu l’envers du décor…
– En fait, on a fait mixé cet EP par un anglais, Tom Peters [du Monkey Puzzle Studio] qui a aussi mixé pour les Wankin’Noodles ou pour les Success [cf : l’interview des Noodles par le Peuple]. Le rendu est donc issu d’un premier travail qu’on a fait en amont et de celui de cette oreille extérieure, qui a donné du sens et de la cohérence à toutes nos prises de sons réalisées dans plusieurs endroits. Il a aussi donné une note anglaise à tout ça.
PdR : Comment avez-vous composé les morceaux de cet EP ? Aviez-vous déjà des idées où êtes-vous reparti de zéro ?
– On voulait vraiment se repositionner. A la base on était parti pour faire un album. Donc on avait une quinzaine de titres qu’on a enregistré. On en a choisi huit et puis quatre.
PdR : Pourquoi ne pas avoir enregistré tout de suite l’album alors ?
– On trouvait plus judicieux de revenir sur le devant de la scène avec un EP qui est une sorte de mini album tu vois, de voir comment les gens vont prendre ça, de mesurer la température, pour ensuite faire l’album. Parce que ça marque vraiment un point dans la carrière d’un artiste et on voulait prendre notre temps avant de le faire, on sentait que ce n’était pas encore le moment, on n’avait pas le feeling.
– Et l’expérience de l’EP permet de mieux faire l’album aussi.
PdR : C’est une répétition générale donc. Et sur scène, comment est accueilli A Quick Remedy ?
– Ca fait un moment déjà qu’on joue les titres de l’EP. On les a testés en live d’abord. On est assez content mais c’est une construction sur le long terme. On va défendre cet EP à l’automne avec une tournée dans toute la France. Ce qui va être intéressant pour nous, et que l’on n’a encore jamais fait, c’est d’être confronté à un public qui connait nos chansons au préalable. Car pour l’instant on a plutôt fait des concerts où les gens nous découvraient et c’était super mais là on va passer dans une autre phase où des gens vont venir écouter le live, réussir à entendre les différences, comprendre l’enjeu, qui est différent de la musique sur scène. Peut-être qu’on va leur apporter d’autres sensations en jouant des choses qu’ils connaissent sur CD.
– Y a de la batterie notamment sur My Mind Is Old…
PdR : En fouinant, on peut trouver sur la toile une collaboration avec une chorale de votre ancien lycée pour un morceau, où ça en est au juste ?
– C’était pour l’EP, mais on ne s’en est pas servi. On a essayé de voir ce que ça pouvait donner de mettre des chœurs avec des filles assez jeunes. L’expérience était chouette, mais au final ça ne collait pas trop, on n’a rien gardé. Après pourquoi ne pas réessayer pour l’album…
– Peut-être un live avec une chorale…
– Il y avait quand même des caméras qui étaient là pour immortaliser la chose, c’est en montage. Mais c’est un titre qui n’est pas sur l’EP donc c’est un peu délicat, on sortira peut-être ça deux-trois mois après la sortie de l’EP.
PdR : Est-ce important pour vous de garder ce lien, de donner un peu de ce qui vous arrive musicalement aux jeunes de votre ville ?
– Ca aurait pu être un autre lycée et une autre ville, mais c’était d’autant plus fort que c’était dans notre ancien lycée et avec une prof qui était dynamique et ouverte. C’est bien tombé car on expérimentait justement ce genre de choses en préparation de l’EP. Et au-delà de ça, il y a toute cette scène Rennaise qui se développe très fortement et créé vraiment du mouvement et de l’énergie entre les groupes.
PdR : C’est ce qu’on remarque beaucoup entre Rennais et même les Bretons en général, les groupes s’exportent bien et sont fiers de représenter leur région. Est-ce que vous vous connaissez entre vous avec les Juveniles, les Wankin’ [Noodles], Manceau… ?
– Ouais, on partage le même local de répétition. JS des Juveniles, il est parti sur la route avec nous pour jouer en Hollande, on a partagé beaucoup de scènes avec les Wankin’ Noodles… Il y a un vrai échange autour de la musique.
PdR : On verra peut-être ce beau monde au Nouveau Casino le 6 juin prochain pour votre EP release Party. D’ailleurs, que nous préparez-vous pour cet évènement ?
– Ah, ça c’est la surprise ! Déjà on joue avec Rhum for Pauline, des amis de Nantes qu’on apprécie beaucoup, qui feront notre première partie.
– On jouera des morceaux de l’EP bien sûr, la moitié sera des morceaux qu’on a déjà l’habitude de jouer. L’autre moitié, on va plancher dessus courant mai pour les présenter.
– Et puis il y aura une petite After avec les copains !
– Et puis Vincent va peut-être faire un solo de 10 minutes avec une jambe en bois ! [Le Pauvre Vincent avait une jambe dans le plâtre lors de l’interview]
PdR : Qu’est-ce qu’on pourrait vous souhaiter pour les prochains mois à venir ?
– Une bonne santé…
– Le succès de l’EP, une grande tournée… Que le Nouveau Casino soit complet !
– Il est déjà complet… !
– C’est vrai ?
– Chuuut… Il faut toujours laisser le doute !
PdR : En tout cas le Peuple du Rock sera là et vous écoutera attentivement… A moins que vous préfériez qu’on danse comme des petits fous?
– On pense que le public est capable de faire les deux !
– Le plus motivant c’est quand tu as un public assez froid qui se dit « ah, c’est des branleurs » ou je ne sais pas quoi, qui écoute d’une oreille très critique, et qui petit à petit rentre dans le concert, se lâche un peu. Sentir que tu arrives à captiver les gens, ça c’est super encourageant.
– Là, il y a un vrai challenge.
PdR : Faites attention au succès alors, les personnes qui se lâchent dès le début pourraient être de plus en plus nombreux s’ils connaissent déjà vos morceaux.
– On en serait ravis ! On ne va pas rentrer sur scène et faire « Est-ce que vous la connaissez ? Oh, mince… On en fait une autre alors » !
PdR : Il vous arrive de jouer avec le public ?
– On jouait beaucoup, maintenant un peu moins. Il faut qu’on retrouve une énergie communicative avec le public, comme on avait sur notre ancienne tournée. C’est important d’avoir une bonne communication avec les gens, de ne pas être dans notre coin. Mais ce n’est pas facile à faire !
PdR : On verra ça au Nouveau Casino en tout cas…
– Pression pression !!
PdR : Mais non, on vous aime déjà !
Live Report du Peuple:
Un peu plus d’un mois plus tard, on a retrouvé avec plaisir ces jeunes garçons comme prévu, au Nouveau Casino. C’était mercredi dernier, à Paris. Comme prévu également, Rhum for Pauline a démontré à un public encore trop éparse qu’ils étaient là pour nous faire gentiment remuer, mais surtout introduire en douceur leurs amis les Pops.
Autant dire qu’au moment de leur entrée en scène, le public était déjà conquis. Tout le monde était là pour fêter dignement la sortie de A Quick Remedy. Il ne fallait pas grand-chose pour nous les faire définitivement adopter. La prestation était d’abord sans prétention mais avait son charme. Le Fameux Mitch était sûrement là-haut perché au dessus de la console de mixage à veiller au grain des faders. Bon, on s’est étonné du son en live un peu « crado », beaucoup moins lisse que le CD, mais on dira que c’est la salle du Nouveau Casino qui s’est un peu trop accaparée du son des Pops ! Au fil des morceaux, le groupe s’est mis à l’aise, Victor, faussement timide s’est approché de son public, lui a demandé de chanter. Le son des Pops a repris alors ses droits et l’on a dansé (oui, comme des petits fous chez le Peuple du Rock !), « R’n’R « (décidément ma préférée !) a bien eu l’effet d’une bombe en live. Les basses vibrantes et lourdes s’accouplaient parfaitement à la guitare légère et agile de Vincent, ce qui provoquait au corps une de ces nouvelles sensations dont Simon parlait sûrement durant l’interview… Il ne servait à rien de résister, le « remède » était si « rapide » qu’il a bientôt été impossible de s’extraire le morceau « My Mind Is Old« de la tête. En effet, il y a bien eu la batterie de Guillaume sur la fin du morceau et celle-ci a achèvé de nous mitrailler. D’autant plus qu’il a été scandé deux fois durant le concert. On a bien senti que le groupe démontrait leurs connaissances sans pour autant oublier d’y prendre du plaisir. On notera le morceau très hip hop chanté par Simon qui débitait un flow plutôt sympa, ainsi que la reprise surprenante de « Break On Through » des presques intouchables The Doors… Il fallait oser la version dance de la chose ! Mais nous nous sommes aussi pris au jeu : « Tout le monde à terre, baissez-vous, et on va jumper ensemble », classique, mais imparrable. On frappait aussi des mains en rythme sur « Julian« (un, deux, trois… un, deux !). C’était bon enfant, oui mais c’était tellement frais et puis ça fait du bien de rester insouciant !
Après deux rappels qui marquent le coup de cette soirée pas comme les autres, on s’est retrouvé en face, « to the other side », au 114 rue Oberkampf pour boire un verre et danser en compagnie du groupe et de leurs amis qui y mixaient… jusqu’au bout de la nuit.
On les reverra bientôt, on en est sûr, et on leur envoie tout plein de bonnes ondes musicales, « à base de Popopopops », car ça ne fait que commencer. En prenant son temps, on le perd rarement !
Et vous, êtes-vous si impatients que nous d’écouter l’album ? Il faudra patienter jusque début 2013 pour cela !
Mille (autres) mercis à l’agence Ephélide (Marion Pace et Maxime Pascal), à Azimuth, ainsi qu’au Popopopops!
Musicalement vôtre, Gwendoline B.