Da Silva, c’est l’histoire d’un artiste français que l’on ne pourrait classer. Ou bien si : dans l’ombre, mais quelle ombre…
Dans l’ombre d’une industrie de la chanson française qui ne lui laisse pas beaucoup de place. Hormis la variété et le rock classique en France, dur de se faire une place. Alors il y a les artistes de l’ombre dont Da Silva, de son prénom Emmanuel, fait partie depuis 2005. Au travers de quatre albums, Da silva traine joliment la patte, guitare acoustique sur l’épaule. Une guitare avec laquelle il nous livre un son joliment monotone et révélateur d’un monde bien triste la plupart du temps. Il le fait avec une simplicité si prenante qu’il nous entraîne à découvrir la vie populaire au travers de ses morceaux. Et de temps à autres, c’est en rajoutant quelques notes de piano ou quelques accords de violon qu’il compose l’univers qu’il nous raconte, un univers franchement teinté d’ombres.
Et ses 4 albums en sont le témoignage.
Le témoignage d’une réalité sombre… Sombre car Da Silva chante l’amour noir, le « mauvais » côté de l’amour entre les gens et il le fait tellement bien. A coup de déception, de rupture, de perte, de solitude, il se fait le poète d’une réalité à laquelle nous devons tous nous confronter un jour ou l’autre au cours de notre vie.
Une réalité qu’il faut affronter.
Tout commence en 2005 et plus exactement vers Décembre en été. Ce premier album lui vaudra une notoriété « éclair » grâce au single « L’indécision » avant de repartir dans l’ombre. Juste le temps de nous raconter la réalité blessante d’un couple qui ne s’aime plus. Pourtant, il croit en l’amour mais cela semble bien dur de le conserver car « après rien ne sera plus comme avant ».
En 2007, il tente de nous ramener vers De beaux jours à venir mais nous voilà confrontés à un paradoxe avec des morceaux résolument tristes et mélancoliques. Tantôt la perte d’un être cher qui « De la haut » vous fait aller de travers mais vous fait avancer, un être cher que l’on veut aller retrouver. Tantôt « L’averse » qui vient assombrir ces beaux jours. Même « Au moment des amours », tout finit par s’égrainer, rien n‘en vaut la peine. Cette tristesse est racontée par des mots simples, des mots justes, des mots vrais posés sur une mélodie mélancolique. La tendresse des mots…
Et puis la tendresse vint se mêler à l’amour noir… Le poète de l’ombre ressurgit. Avec La tendresse des fous, il joue toujours sur le même registre. On se déchire, tout se finit, l’amour meurt, mais il y a comme un air de gaieté et d’espoir. Des instruments comme les cuivres, les violons et autres violoncelles viennent se poser tendrement sur ses accords acoustiques.
A cette époque, il côtoie « l’absence », la plus fidèle des compagnes, l’absence de cette personne dont la voix résonne dans sa tête. Le 2ème succès de sa carrière « le carnaval » est une vraie note d’ espoir en contrepoint de cette absence car « même si la vie est terrible, les journées peuvent être si belles ». Voilà toute la force de cette ombre qui l’habite. Enfin un morceau reconnu à sa juste valeur. Da Silva avance… mais ne reviendra qu’en 2012.
« La Distance » sort en janvier…. Et quelle agréable distance. Ici le rythme est complètement différent et il est omniprésent. Les morceaux défilent sur des airs plus francs et très différents les uns des autres, contrairement aux précédents albums souvent plus linéaires. Ils évoluent sur la mélodie même s’ils racontent cette même noirceur, quoiqu’elle s’estompe légèrement sur quelques morceaux.
Les concessions donnent le ton d’entrée de jeu. Ce premier morceau s’impose avant de laisser place à « la crise », mélodie quelque peu érotique qui respire la fraîcheur. Da Silva a bien fait de choisir ce morceau pour 2ème single. Sur d’autres pistes, il glisse quelques tonalités électro (retour sur ses débuts ?), qu’il va parfois mêler à un accord de guitare en fond de tableau. Et c’est réussi !!
Il ne s’agit plus de raconter une histoire par les mots mais également par le rythme. Un album abouti à mon sens, résumant magnifiquement l’univers du chanteur. Ca respire, ça vie.
Avec « La Distance », Da Silva sort de l’ombre !!
« C’est pas la peine d’en rajouter », dixit lui-même dans « l’escalier » …
Il ne vous reste plus qu’à aller percer l’ombre de ce tatoué au cœur sombre. L’écouter est une réalité..
By Sabrina Cirillo