Dans les années 50, apparaît un nouveau genre musical qui va réellement chambouler le monde : le Rock, avec des noms que nous connaissons tous tels que le ‘’King’’ Elvis Presley, Little Richard, Bo Diddley, Chuck Berry, Bill Haley,…. En voyant tous ces noms on peut se demander : mais où sont les femmes ?
Patti Smith
A partir des années 60 l’émancipation des femmes prend un nouveau tournant. Les premiers mouvements féministes apparaissent, la mini jupe, la révolution de la pilule… A cette époque, très marginales, les femmes se révoltent, veulent être égales aux hommes. L’égalité des sexes, la liberté sexuelle : tel est le combat que les femmes mènent depuis cette époque de remise en question.
Dans la musique il faut par contre attendre la fin des années 60 pour voir apparaître la « Rockeuse ». Dans le mouvement hippie où l’ouverture d’esprit et l’égalité sont des principes, la femme se trouve une place. Elle est seule sur scène avec sa guitare, elle est capable d’être le chanteur charismatique d’un groupe, sa voix puissante et son caractère de lionne. Dans la folk on trouve Joan Baez ou bien Melanie, qui n’hésitent pas à critiquer nos sociétés, à parler de leurs problèmes à travers leurs chansons.
Dans le rock dominent des femmes comme Janis Joplin ou Grace Slick, la chanteuse de Jefferson Airplane. Elles hurlent dans leur micro, se déchaînent sur scène, boivent et se droguent-chose encore taboue pour la femme-arpentent les rues pour trouver une personne avec qui passer la nuit,…. Elles prennent leur liberté malgré les haines qu’elles suscitent, traitées de folles ou d’hommes; par exemple, Janis Joplin avait été élue garçon le plus moche de son lycée.
Janis Joplin au Palace Of Fine Art de San Francisco
La femme qui s’émancipe fait peur car elle crie et s’approprie le pouvoir des hommes. Voulant se dresser égale de l’homme, elle est considérée comme une femme étrange, masculine et dérangée : la femme décide de la façon dont elle doit vivre sa vie.
Pendant les années 70, l’avortement est légalisé , en Angleterre la femme est payée au même salaire que l’homme et le féminisme a sa place dans la société. Dans la musique, de plus en plus de femmes qui n’ont pas peur de crier. Dans la folk et la pop on voit les chanteuses/compositrices telles que Joni Mitchell ou bien Carole King qui chantent sur l’amour, la société et la condition de la femme comme avec la chanson Will You Love Me Tommorow ou You Make Me Feel.
Dans le rock pur et dur et dans le mouvement punk naissant la femme est là. Des groupes féminins de la chanteuse à la batteuse en passant par la guitariste. C’est le cas de Heart avec les sœurs Wilson ou bien de The Runaways qui du haut de leurs seize ou dix sept ans mettent le hard rock à la sauce ‘’Girl Power’’. Les femmes choisissent le rock pour passer à travers des clichés qu’on leur attribue. On connaît tous les sulfureuses Cherie Currie et Joan Jett hurlant sur Cherry Bomb ou I Love Rock & Roll. Cette nouvelle génération punk siégeant à Camden Town ou bien au CBGB à New York révolutionne le monde musical : des paroles crues et choquantes sur le monde et l’être humain. Ils se rebellent vis à vis de la société de consommation, allant jusqu’à chercher à s’habiller dans les poubelles. Ils veulent ne se soucier de rien et vivre leur vie comme bon leur semble. Leur musique est portée sur le présent, il n’y a pas de nostalgie, elle rejette le rock commercial et à la mode durant les années 70. Dans ce nouveau mouvement l’égalité des sexes est une évidence, on ne se pose plus de questions : c’est l’avènement de femmes telles que Siouxsie Sioux en Angleterre, Nina Hagen en Allemagne, Deborah Harris à New York, et la marraine du Punk : Patti Smith. Elle est l’icône même de la femme libérée ne se souciant pas de son image publique, elle est là, sans maquillage, sans soutien gorge et même pas épilée.
The Runaways avec au centre Cherie Currie et Joan Jett
Vingt ans après: les années 90. La femme à sa place dans la société même si des inégalités persistent ainsi que des préjugés sexistes. Durant cette décennie, un nouveau mouvement, mélangeant le punk et le rock alternatif : le Riot Grrrl. Un mouvement underground féministe chanté par des femmes à propos des femmes. Tout comme le mouvement punk, les protagonistes de ce mouvement ne connurent que peu de succès grand public. On peut noter comme pionnière la musicienne Kathleen Hanna, chanteuse de Bikini Kill et du trio Le Tigre avec pour base la ville d’Olympia, capitale de l’état de Washington où siège le label Kill Rock Stars. On peut citer les groupes tels que Bratmobile et leur album s’intitulant Ladies, Women & Girls, Hole, le magnifique groupe de Courtney Love, L7, Team Dresch, Heavens To Betsy ou bien encore 7 Year Bitch… Qui s’interroge sur l’identité en tant que femme et essaye de briser les clichés sur l’homosexualité féminine. On voit des groupes Lesbiens assumés sur le devant de la scène critiquant les stéréotypes de la femme homosexuelle. JD Samson, du groupe Le Tigre, s’habille comme un homme pour montrer l’oppression de la femme lesbienne.
Riot Grrrl book by Tavi Gevinson
En dehors du Riot Grrl, rencontrant un succès plus grand on peut noter Gwen Stefani de No Doubt, chantant I’m Just a Girl, Kim Gordon de Sonic Youth et Free Kitten ou bien PJ Harvey.
Dans les années 2000, le Riot Grrrl disparaît, cette position gagnée par la femme stagne. Il y a toujours des chanteuses et groupes féminins même si pour la plupart c’est une continuité des années 90. On peut retenir Peaches, qui chantent des paroles très crues portant sur le sexe, la femme et l’identité de genre. Récemment, on trouve le nouveau groupe de JD Samson, MEN, collectif d’artistes féministes revendiquant leur homosexualité. Il y a bien sur la chanteuse de Gossip : Beth Ditto qui assume sa taille et sa sexualité. Aujourd’hui se développe même un aspect commercial, une mode de la rockeuse teenage où Avril Lavigne, The Plasticines et Taylor Momsen, la chanteuse de The Pretty Reckless rayonnent.
Femme durant un concert de MEN a San Francisco
La femme dans le rock a connu bien des évolutions, a remis en question énormément de choses, se transformant même en argument de vente commercial aujourd’hui.
Par Diego Seval