Enfin ! Queen a sorti le mois dernier la première bande annonce du biopic tant attendu sur son leader Freddie Mercury, qui devrait sortir le 31 octobre prochain. On voit son interprète Rami Malek revivre les meilleurs moments de sa carrière avec le groupe. Que faut-il attendre de ce biopic, qui ne devrait pas aborder le SIDA. On fait le point avec un autre fan du groupe, le journaliste Laurent Rieppi. Il a consacré un livre au groupe, We Will Rock You de A à Z, coécrit avec Antoine Binamé.
Peuple Du Rock : Comment avez-vous trouvé ce trailer ?
Laurent Rieppi : Avant de voir les images, j’étais très dubitatif. Il y a eu tout une saga, avec l’épisode Sacha Baron Cohen [à l’origine du projet en 2010, qui a refusé d’y participer en 2013]. Je craignais la main-mise de Roger (Taylor), Brian (May) et Jim Beach sur le projet. J’avais en fait peur que cela ne devienne qu’un coup marketing et pas un véritable hommage
Ce que j’ai vu m’a rassuré. L’image que l’on a de Queen est assez proche de la réalité. Quand j’ai vu Rami Malek, que j’avais vu avant dans Mr Robot, mes inquiétudes se sont dissipées. Ca a l’air d’être quelqu’un d’intelligent.
PdR : La performance de Rami Malek vous-a-t-elle impressionnée ?
LR : Les toutes premières images qu’on a eu, ce sont celles où il interprète Freddie Mercury au Live Aid. Même si c’est plutôt fidèle, on voit que Rami est plutôt gringalet. Sur d’autres images où il interprète Freddie dans sa carrière, il est plus raccord. Le trailer ne nous dit pas grand chose pour l’instant sur le film. Sacha Baron Cohen avait déclaré que l’un des membres du groupe lui avait dit qu’ils voulaient qu’au milieu du film, Freddie meurt et que le groupe Queen continue vaille que vaille. J’espère que ce ne sera pas comme ça…
PdR : C’est vrai qu’on se pose la question aussi de savoir si le SIDA va être évoqué. C’est la crainte et la critique de Bryan Fuller, producteur de la série Hannibal….
LR : J’ai en effet l’impression que le nouveau projet se finit au Live Aid. Si c’est vrai, c’est dommage qu’on ne parle pas de la fin de sa vie artistique et du SIDA. On sait que Freddie voulait en parler, à travers sa fondation par exemple. Peut-être les producteurs ne veulent pas donner dans le pathos. Je me souviens d’un documentaire sur lui avec quelques parties jouées par un acteur. Il abordait la fin de sa vie. Il n’était pas ininteressant mais un peu trop voyeuriste…
PDR : Quel regard avez-vous sur Brian et Roger, la manière dont ils ont géré l’héritage du groupe ?
LR : Je les ai rencontré lors d’une exposition. Brian May est quelqu’un de réservé et de timide, cohérent et respectueux. Roger Taylor, lui, est un peu plus comme une rock star, mais durant toute sa carrière, il n’a pas caché son jeu.
Faire vivre l’héritage d’un groupe qui a perdu son élément central n’est pas simple. Je ne veux pas diaboliser Brian et Roger. Pour la remastérisation, par exemple, j’étais plutôt heureux de redécouvrir Queen de manière détournée. Mais, c’est dommage qu’on ai pas eu de live remasterisés. Quand j’avais posé la question à Roger Taylor, il m’avait répondu que « ce n’était pas parfait comme dans les années 80 ». Certes, ils sont perfectionnistes, ce qui est tout à leur honneur. Mais le travers, c’est qu’il vont tout corriger. Or, on recherche tous, en tant que fan, l’authenticité.
PdR : C’est quoi pour vous le film idéal ?
LR : Le film idéal ce serait une combinaison de plusieurs facteurs. Je ferais un parallèle avec le film sur les Doors d’Oliver Stone. On peut faire beaucoup de critiques, notamment sur le fait qu’on a réécrit l’histoire de Jim Morrison, de Pamela Courson… Mais son avantage, c’est qu’il a fait redécouvrir les Doors à toute une génération. J’attends de ce film que Queen, déjà aimé par les enfants de ce qu’on peut en juger sur des vidéos, le soit encore plus. Outre l’aspect commercial, j’aimerai qu’il ne soit pas trop édulcoré non plus pour restituer une image fidèle et authentique de Freddie Mercury.
Propos recueillis par Mickaël Chailloux