On a écouté

Temples – Critique de Volcano

Ils étaient la révélation de la scène rock psyché en 2012. À cette époque, Temples était parvenu à se faire remarquer en diffusant sur les ondes quelques-uns de leurs fameux titres dont Shelter Song que l’on retrouvera deux ans plus tard dans leur premier album Sun Structures. Un album qui recevait alors tous les éloges qu’il méritait tandis que nos mystérieux rockeurs avaient déjà en tête de poursuivre leur dessein en composant une suite à ce premier opus. Cette suite, elle aura pour nom Volcano. Reste à savoir si cette dernière parvient à être la digne héritière du petit empire «Temples », consolidé justement grâce à son ainé Sun Structures. Volcano sort aujourd’hui, l’occasion pour nous de vous donner une réponse.

Temples ?

Oui, nous n’avions jamais eu l’occasion de présenter Temples jusqu’à présent. Un manquement que nous corrigeons pour toutes celles et ceux qui n’auraient pas suivi le  film depuis le début. Pour la petite histoire, le groupe est originaire de Ketering, un patelin en plein cœur de l’Angleterre. La formation est composée de quatre musiciens : James Edward Bagshaw au chant et à la guitare, Sam Toms à la batterie, Thomas Edison Warmsley à la basse, opérant également dans les chœurs avec son compère Adam Smith, qui lui, s’occupe au clavier et à la guitare. Malgré un fort penchant pour le vintage et tout particulièrement pour les années 70, Temples reste ancré dans le présent. Comme beaucoup de petits groupes contemporains, les gars de chez Temples usent des avantages d’être dans une société du tout numérique pour se faire un nom. C’est en diffusant sur la toile plusieurs démos que le groupe va rapidement gagner les cœurs jusqu’à gagner celui de la bonne personne, celle qui les propulsera vers la lumière. Cette personne, c’est le producteur du label indé Heavenly Recordings (Nada SurfThe Vines, Manic Street Preachers, TOY…). Nous sommes en 2012 et Temples n’est pas encore le groupe que l’on connait aujourd’hui. Le chanteur et le bassiste cherchent d’autres musiciens prêts à rejoindre l’aventure pour proposer quelque chose de plus consistant qu’un simple extrait, à savoir Shelter Song, aussi apprécié soit-il.

Résultat de recherche d'images pour "temples volcano"

Les membres du groupe Temples avec à gauche Adam Smith le claviériste (celui qui fait la gueule), en haut au centre Sam Toms à la batterie (celui qui fait la gueule), à droite le bassiste Thomas Edison Warmsley (celui qui fait la gueule) et en bas au centre le chanteur James Edward Bagshaw (celui qui fait la gueule)

Après quelques premières parties effectuées en compagnie de grosses écuries genre Kasabian ou encore SUEDE, le groupe décide de se mettre en selle et sort un album en 2014. Très prometteur il y a encore deux ans, les voilà cette fois-ci lancés pour de bon et ce, avec panache : leur premier album Sun Structures plaît, au point d’avoir les encouragements de Johnny Marr des Smiths et de Noel Gallagher (rien que ça). Temples tranche vers un son hyper rétro, comparable à ce que faisait les Small Faces ou encore Led Zeppelin. Leurs inspirations old school vont même jusque dans leur style vestimentaire 70’s où chemises col pelles à tarte couleur « rouge passion », jeans serrés et tignasses étudiées sont de rigueur. Bien que ce premier LP soit de bonne facture avec des titres plaisants à l’écoute tels que Keep in the Dark ou bien Shelter Song, certaines mauvaises langues n’hésitent pas à dénoncer le manque d’inspiration des anglais, allant même jusqu’à parler implicitement d’un plagiat de Tame Impala, pour ne citer qu’eux. Copieurs? Opportunistes? Précurseurs? À vous d’en juger. Toujours est-il qu’objectivement, Sun Structures est un très bon album que l’on vous conseille d’écouter si cela n’a pas encore été fait.

Et Volcano dans tout ça ?

Ce second opus, il faut bien l’avouer, était jusqu’à aujourd’hui un évènement très attendu. La faute (ou grâce) peut-être à une soudaine notoriété qu’ils n’ont pas vu venir. Au final, l’album remplit plutôt bien, voire extrêmement bien sa part du contrat. La pochette de l’album où l’on aperçoit un cadenas se verrouiller ou se déverrouiller par lui-même (à vous de voir) laisse présager d’une musique mystique, abscons et inaccessible. Puis le suspens prend fin lorsque l’on finit par démarrer la machine. En fin de compte, Volcano est à rebours de nos prévisions. Alors que nous nous préparions à quelque chose d’obscur et de lointain, nous voilà transportés au travers des 12 pistes composant Volcano vers un univers coloré, aéré, cohérent, structuré, varié. Bref, pas forcément là où nous attendions le quatuor, qui désormais peut asseoir un peu plus son statut de référence rock psyché du moment. Bien évidemment, on reste quand même dans la même direction qu’avant : un rock brut teinté de mélodies acides et psychées.

Résultat de recherche d'images pour "temples volcano pochette"

Pochette de Volcano, second album du groupe Temples sorti le 3 Mars 2017

C’est l’extrait Certainly qui ouvre la marche. Ce dernier, doux et puissant, fait la part belle au clavier d’Adam Smith qui va énormément s’illustrer tout au long de l’album. Le travail se poursuit avec All Join In et (I Want to Be Your) Mirror, titres tout deux agréables tout en étant assez lancinants, voire accablants s’il en est. On reprend sa respiration avec l’excellent On the Saviour. C’est sans nul doute le titre le plus léger mais surtout le plus rock et le plus rêche du répertoire. Les riffs de guitare, parfois appuyés, venant s’accoupler avec brio aux mélodies voluptueuses, presque kitschs du clavecin rendent On The Saviour onctueux. Disons-le, le titre fait du bien et insuffle un certain tonus qui commençait à se faire désirer après trois titres un poil plus lourds. On enchaîne tambour battant ou plutôt synthé battant avec le catchy et savoureux Born into Sunset. Très rythmé et harmonieux, Born into Sunset s’insère dans un registre plus pop. Il s’en dégage une fraîcheur vraiment exquise, qui nous donnerait presque envie de danser sous le soleil des tropiques. Un bon morceau, rafraîchissant, cool et accrocheur que l’on réécoute sans modération.

La suite du LP se révèle quant à elle bien moins enthousiaste et volubile. Les instants contemplatifs se multiplient. La touche psychée, si chère au groupe, prend de plus en plus de place à mesure que l’on progresse. L’atmosphère s’alourdit. Bientôt, on rentre dans l’antre de Volcano. How Would You Like to Go est sans conteste l’une des meilleures pistes de cet opus. Beau, haut en couleur, abyssal, planant, onirique, les adjectifs ne manquent pas pour définir ce titre 70’s à fond de balle. La voix de Bagshaw distille de l’ampleur, de façon admirable, à ce morceau qui, pour le coup, fait pas mal penser au Pink Floyd des années 1970. Certains extraits en revanche ne resteront pas gravés dans les mémoires, à l’image de Open The Air qui, à force d’emprunter moult directions, fini par se perdre dans sa propre complexité. In My Pocket a, pour sa part, très certainement frappé à la porte de MGMT en 2007, à l’époque où sortait Ocular Specular, tant les connivences entre les deux formations sur ce titre se manifestent sans vergogne.

Sur une autre échelle, Celebrating s’inscrit parfaitement dans la tradition du groupe : un refrain efficace, une myriade de sonorités hallucinogènes s’imbriquant les unes dans les autres pour un résultat à la hauteur des attentes. On s’éclate beaucoup moins avec le très 80’s Mystery of Pop, anesthésiant toute montée en puissance. Pas mauvais mais pas sensationnel. Il faudra attendre le deuxième titre rock Roman Godlike Man pour ressentir à nouveau ce p’tit coup de fouet qui nous permet de nous accrocher à ce Volcano jusqu’ici à la hauteur. Temples conclue en beauté l’album grâce au titre Strange or Be Forgotten. Stratosphérique, lumineux, empli d’éclats, Strange or Be Forgotten est une pépite, une perle parfaite et éblouissante. À saluer de surcroît un solo splendide au clavier. Adam Smith, impérial, achève son œuvre et ferme le rideau. Parfait.

Un dernier mot pour conclure ?

Volcano a réussi son pari en étant l’excellente suite du premier volet issu d’une très longue trilogie (on l’espère). Équilibré, captivant, stimulant et tout en relief, Volcano permet au quatuor de prendre un peu plus ses marques et de gagner en confiance. C’est aussi en parcourant plusieurs fois Volcano que l’on savoure pleinement celui-ci. On finit petit à petit, à force d’écouter et de le réécouter, par y découvrir un brin d’ésotérisme. Ce dernier utilise en effet régulièrement le champ lexical de la nature, donnant beaucoup de couleurs et d’harmonie à la structure.

L’exercice était tout de même périlleux. En effet, les anglais n’ont pas utilisé énormément de matières premières pour ériger Volcano. Vous avez peut-être pu observer quelques similitudes avec les Doors sur cet album, notamment sur leurs quelques titres rock. Mais tandis que les Doors conjuguaient majestueusement synthés et rock bluesy, les membres du groupe Temples conservent, de leur côté, un certain fétichisme pour le clavier, au point de placer ce dernier carrément plus en avant que les autres instruments. Un parti pris qui aurait pu finir par lasser mais, là encore, les anglais ont su rester justes en équilibrant judicieusement chaque touche de musique. Qui plus est, il faut reconnaître en la voix de James Edward Bagshaw un diamant poli, brillant de mille éclats. Ses envolées vocales sonnent toujours justes, même lorsque celui-ci part dans les aigus. La rédaction vous conseille vivement ce nouvel opus.

Et comme une nouvelle n’arrive jamais seule, sachez que le groupe se produira au Grand Mix de Tourcoing le mercredi 19 avril 2017 ainsi qu’à l’épicerie moderne de Feyzin le samedi 22 avril 2017 pour ensuite faire un saut à Paris le lundi 24 avril 2017. Vous savez maintenant quoi faire de votre mois d’avril, en plus bien évidemment de ne pas vous découvrir d’un fil.

Marcus Bielak

2 réflexions sur “Temples – Critique de Volcano

  1. Sacré article ! J’ai beaucoup aimé « Sun Structures », j’étais même assez épatée par leur qualité d’écriture pour un premier album et je suis très curieuse de voir comment ils s’en sortent cette-fois ci ! D’après ces deux extraits, j’ai l’impression qu’ils gardent leur patte reconnaissable tout en explorant d’autres styles, et ça me fait vraiment plaisir parce que c’est important de savoir se renouveler sans perdre son identité. Hâte d’acheter l’album et de me faire un avis définitif, donc ! 🙂

  2. Bonjour!
    Merci bien. Ils restent tout de même largement ancrés avec Sun Structures. Volcano s’inscrit comme une très belle suite au premier album de Temples. L’intérêt dans ce second opus est le fait d’avoir ajouter quelques nuances à leur palettes de couleurs (le très dansant Born into Sunset…). Volcano vaut très largement le coup d’autant plus qu’une première écoute de ce dernier n’aura rien à voir avec la quatrième ou cinquième 😉

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.