Festival

Que nous restera-t-il de Garorock 2015 ?

Cette année, le festival proposait sa 19ième édition, édition record en terme d’affluence : 80000 pèlerins se sont retrouvés le dernier week-end de juin pour le plus gros festival de musiques amplifiées du sud-ouest de la France. Présents sur les deux derniers jours du festival, on va tenter de vous expliquer pourquoi, comment et tutti quanti.

Le lieu

Depuis quelques années, le festival a quitté le parc des expositions de Marmande, scènes réparties entre chapiteaux et hangars sur une grande surface bitumée, pour la plaine de la Filhole qui se trouve à l’entrée sud de la ville au bord de la Garonne. Ce changement a permis à l’organisation de profiter d’une large plaine capable de recevoir plus de festivaliers par soir, avoir des scènes qui nont rien à envier aux autres festivals nationaux et un grand espace pour accueillir les campeurs. Après un périple d’une bonne vingtaine de minutes depuis l’entrée du festival, on arrive devant deux grandes scènes séparées d’un écran géant pour accueillir les têtes d’affiche, une scène plus petite détachée des deux autres et le Garoclub : genre de club électro où les DJ se succèdent tout au long du festival, bref un dancefloor permanent pour festivalier insatiable.

Comme dans de nombreux festivals aujourd’hui, les après-midis sont remplis d’animations pour les campeurs : tournois en tous genres, set DJ, concours de camp art. Finies les longues heures d’attentes à effrayer les autochtones en errant dans les rue de la cité Lot-et-Garonnaise. Les premiers concerts commençant vers 17h. Un autre facteur à cette affluence est que Garorock est le seul gros festival indé dans le Sud Ouest. Ne dénigrons bien sûr pas Le Free Music de Montendre qui se déroule une semaine avant et le Big Festival de Biarritz qui lui a lieu mi-juillet et qui offre une programmation plus variée plus «mainstream ».

Si les premières éditions du Garo étaient vraiment rock, au fil des années, la programmation s’est étendue à d’autres styles : dub, hip hop, rap et bien sûr électro. Ce dernier style tenant une belle part de la prog de 2015, ce qui n’a pas été du goût de tout le monde lors de l’annonce de celle-ci. Du coup, on retrouve un public bien éclectique. Des personnes invitées qui découvrent l’univers des festivals, de jeunes ados qui profitent de leurs premiers concerts sans papa et maman, des punks à chien sans chien (animaux interdits), des trentenaires et quarantenaires qui se la jouent jeunes, mais qui repartent avec deux jours de courbatures (les rhumatismes ne sont pas loin), les festivaliers qui s’en prennent une bonne et qui ne voient qu’un demi-concert dans la soirée. Bref, on a tout le panel et tant mieux, tout le monde parle échange avec tout le monde ; même si on n’est pas venu pour les mêmes choses.

Alors que retenir de ce cru Garorock 2015 ? En tout cas pour le samedi et le dimanche.

De l’Electro, en veux-tu, en voilà

Du côté Electro, pas loin de la moitié de la prog, un large choix était proposé sur les trois scènes essentiellement en début et fin de soirée et tous ont en général reçu un très bon accueil de la part du public prêt à bouger jusqu’au dernier beats du festival qui s’est clôturé avec Paul Kalkbrenner. Prestation en deux temps de la part d DJ qui a alterné avec électro planante et électro dansante. La veille avant l’arrivée de The DOChinese Man a lui aussi fait jumper la foule avec son dub électro agrémenté de cuivres (on n’était pas loin de morceaux à la Manu Chao en live.) Fakear les a précédé quelques instants avant, pareil un public conquis prêt à se bouger malgré les trentes degrés toujours présents en ce début de soirée. Les Salut C’est Cool avec leur électro-bordelo-festive sont aussi de la partie. On aura le droit à un peu d’exotisme avec Jungle que l’on retrouvera dans la plupart des festivals européens cet été.

Les valeurs sûres

Une partie de la programmation était composée des valeurs sûres du moment. Ces groupes qui sont de la plupart des festivals d’été. Parmi eux, on peut compter Les Brigittes que nous avons aperçues de loin et qui tiennent leur place dans les festivals rock et ce grâce à leur habilité à faire le show et à proposer une musique variée.

Angus & Julie Stone, incontournables, avec leur folk légèrement rock qui vous offrent un moment agréable. Des mélodies et des chants bien ciselés qui vous apaisent. Vous n’avez plus qu’à vous laisser embarquer et profiter. Parfait à l’heure de l’apéro.

Angus & Julia Stone

Angus & Julia Stone

Alt-J avec son électro pop à la fois planante et dansante offre une belle prestation à la suite de The DO qui sera la grosse tête d’affiche du samedi soir. Pour cette tournée, The DO a une configuration plutôt électronique avec synthé et pad. Quelques morceaux seront accompagnés de basse et guitare. Le set qui commence par une version remaniée de leur 1er succès On my shoulder, laissera une large place au dernier album du duo : Shake Shook Shaken. Olivia, charismatique, envoutante, assure le show tout le long du concert. Provoquant le public, le faisant participer et qui réagit sans se forcer. Grosse ambiance qui surprend presque le groupe ravi.

The Do

The Do

La scène indé :

Garorock ne s’appellerait plus ainsi si une bonne partie de la programmation n’était pas destinée à la scène rock indé. Les programmateurs ont fait en sorte d’en proposer pour tout le monde : de la pop, de l’indé, du rock progressif, etc. Nous croiserons donc au cours de ces deux soirs : The Dedicated Nothing, quatuor de Biarritz, sur la scène du Trec comme la plupart des autres groupes du genre. 

The Dedicated Nothing

The Dedicated Nothing

Les Biarrots sont à l’aise et maîtrisent bien leur set aux tonalités et au son entre rock new yorkais et pop londonienne. De bons riffs, des guitares bien saturées et une voix qui peut varier entre celle d’un Paul Banks et d’un Brian Molko. Les quatresont bien sur scène et jouent cash. Agréable moment qui lance bien la soirée en cette fin d’après-midi du samedi. 45 minutes plus tard, ce sont les Toulousains de Kid Wise. 

Kid Wise 1

Kid Wise

Allez si ces gars-là dépassent la moyenne de 20 ans à eux tous, ce n’est pas de beaucoup. Groupe apparemment de potes de Lycée, on a eu les groupies à côté de nous qui nous ont farci les oreilles avec le nom de ce dernier. Pas sûr que les gars aient envie qu’on les considère pour le petit groupe du lycée devant un bon nombre de spectateurs, car ils sont loin de se limiter à ça. Déprogrammés l’an dernier en raison de l’alerte météo orange, leur voilà donc accordée une deuxième chance. Violon, guitare, synthé, basse et batterie sont les ingrédients de la pop rock progressiste et noise du groupe. En effet, difficile d’attribuer un style bien précis tant leur univers est large. Pêché de jeunesse, peut-être, mais grande maturité dans chacune des compos. Ça vous fait bouger, sauter, danser, planer, pogoter… Bref, ça fait du bien. En plus, il suffit de regarder le guitariste avec son sourire permanent pour comprendre que cette bande de gamins pas si sages sont aux anges. À noter pour ce samedi, les Corses de Casablanca Driver que nous n’avons pas pu voir. Et ce fut tout pour la scène rock du samedi soir. Le dimanche soir ne fera pas dans la quantité, mais plutôt dans la qualité. Tout d’abord, The Districts, groupe rock américain qui concoure dans la catégorie meilleure révélation rock pour l’année 2015. Rien de bien nouveau à l’ouest, mais une belle, authentique et sincère énergie sur scène. 

The Districts

The Districts

Les Islandais d’Of Monster and Men et leur indie folk ont l’honneur de précéder Archive, tête d’affiche du soir. Avec en tête, leur tube, Littke Talks, le groupe, et on pourrait dire la troupe tellement ils sont sur scène, fait gentiment bouger le public qui reprend les refrains en chœurs. 

22h30, Archive arrive sur scène. Groupe à géométrie variable, on ne sait jamais vraiment avec quelle combinaison, les Anglais vont se présenter. Ce soir, ce sera sans Holly Martin, Maria Q et Rosko John. Le chant sera exclusivement assuré par Pollard Berrier et David Penney. Le premier titre donnera le ton du concert avec Feel It, issu de Restriction, leur dernier opus. Les Anglais nous proposeront un set très électrique et à fond. Un ou deux morceaux planants qui les caractérisent, viendront détendre la prestation toute en tension, en force d’Archive. Devant un public qui en redemande et qui gratifiera le groupe d’une belle ovation au bout d’une bonne heure et demie, le groupe semble donner autant qu’il reçoit. Les titres joués sont les morceaux phares des Britanniques (Fuck YouBullets, etc.). Pour nous, le concert du festival.

On ajoutera à la liste des groupes, un peu de rap/ hip hop avec entre autres Run: The Jewels, du reggae avec Massilia Soud System, 2015 est un bon cru en terme de nombre de spectateurs, contents d’être là qui l’ont bien fait ressentir aux groupes qui leur auront aussi bien rendu. Un bémol tout de même si la scène rock est plutôt pas mal représentée en début de soirée, peu d’alternatives à l’électro sont proposées après le passage de la tête d’affiche du soir. Un peu dommage pour ceux qui ne sont pas friands des dancefloors géants de fin de soirée et qui souhaitent encore continuer à secouer la tête au son de guitares basse batterie. Sûr qu’avec ça ne serait pas loin d’être parfait. Attendons 2016 dont les dates sont déjà annoncées pour voir…

Sylvain Chamu

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