Review

Algiers, le gospel et le punk

Alger, sa Grande Mosquée, sa bibliothèque, son monument en mémoire des morts de la guerre d’Algérie….et son groupe de gospel punk ?

Algiers' self-titled debut album is out June 2.

Algiers, crédits photos : Droits réservés

C’est vrai qu’on avait déjà entendu Rock the Casbah, la chanson phare des Clash. Mais l’histoire était bien loin de l’Algérie…. Alors, en quoi consiste Algiers ? Avouons-le, rien de commun avec ce pays d’Afrique.

Ce trio est l’alliance de trois talents discontinus. Il y a d’abord le bassiste Ryan Mahan et le guitariste Lee Tesche. Ces deux hommes ont grandi à Atlanta (Géorgie) dans la marée post-punk. Puis le chanteur Franklin James Fisher vient lui du gospel. Leurs histoires se fondent dans une même communauté : les sudistes. Cette culture très religieuse, les trois garçons en parlent dans leur musique, et chacun aura sa réponse au débat : l’un, venant du gospel a baigné dans cette culture ; un autre, agnostique, voudrait avoir accès à la religion mais pour lui, c’est impossible. Cette colonne vertebrale irrigue tout le projet : on est transporté entre post-punk carabiné et gospel inspiré et spirituel.

Trois talents discontinus car Mahan et Tesche vivent à Londres, et Fisher  à New-York. Discontinus car lorsque le New-Yorkais étudiait la littérature comparée, les Londoniens parlaient politique (comparée) et art graphique. Réunis à Londres en 2014, après avoir signé sur un label, ils ont pu enregistrer cette petite merveille que représente leur premier album intitulé Algiers.

45 minutes après, on ressort de cet album chamboulé. Des sons se glissent dans votre tête, jusqu’à ne plus véritablement en sortir. La fin (peut-on seulement débuter par la fin) d’Algiers résume peut-être mieux que quiconque ce trouble psychédélique et floydien que représente Algiers. Un exemple en musique avec la septième piste de l’album : But she was not flying

Fisher a raison : tout ce qui se dégage de ce premier album ressemble fortement à un gospel version 2015, un gospel renouvelé, sorti de l’Eglise, mais qui se serait uniquement réfugié sur le parvis. Le guitariste n’est jamais bien loin, comme sur Blood, une autre chanson phare d’Algiers.

Les guitares justement : les voilà dans Black Enuch. On retrouve bien cet instinct post-punk impulsé par les deux néo-londoniens. C’est toujours ce qui fait la saveur d’Algiers, ce mélange impromptu de plusieurs styles. A écouter et réecouter.

Algiers était venu à Paris pour le Disquaire Day, en tournée avec le groupe Interpol. Ils seront en France de nouveau le 14 août prochain, sur la scène des Remparts, pour la Route du Rock.

Mickael Chailloux

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