Contrairement à ce que j’ai pu vous dire dans l’édito de cette semaine, et vu l’actualité, je me sens obligé de chambouler quelque peu le planning des publications. Oh, rien de bien méchant, il vous faudra juste attendre un peu plus pour avoir mes impressions sur les deux sorties parallèles de Thurston Moore et de Lee Ranaldo, ex-figures emblématiques de Sonic Youth. Oui, car hier soir, ce qui n’était au début qu’une soirée impromptue organisée par Sylvain, rédacteur au PdR et ami de longue date, s’est avéré être en définitive bien plus que cela. Ce fut une véritable claque.
Nous nous sommes pointés au Connexion, habituel bar-concert de Toulouse, vers 20h car vraisemblablement il y aurait du monde pour voir BRNS (prononcez « BRAINS« , mot invariablement repris dans les films d’horreur par les zombies, culture Pop quand tu nous tiens…), groupe que je connaissais de loin pour avoir tourné avec Girls in Hawaï, mais sans plus je dois dire. Mon principal problème étant le temps pour écouter énormément de choses est que, parfois, je tombe sur un truc pas mal du tout mais que d’autres le supplantent au même moment et je me retrouve à le poser sur une de mes étagères mémorielles avec l’étiquette « penser à ré-écouter plus tard »…
Vers 21h et des bananes, la scène du Connexion a tout d’abord été envahie par Robbing Millions, groupe belge lui aussi et apparemment assez pote avec BRNS. Tant qu’à faire des tournées, autant emmener les copains, les groupes belges sont coutumiers du fait et permettent ainsi à la Pop-Rock belge de se répandre peu à peu hors les murs. Robbing Millions, c’est de l’Indie Pop un brin psychédélique, un poil déjanté ou tout du moins assez singulier pour ne pas mettre forcément d’étiquette dessus. Les mecs sont carrés avec les coins qui piquent, et au détours de certains morceaux on découvre même de sacrées bonnes trouvailles sonores. Malheureusement, sur l’ensemble du set je reste assez partagé car je trouve tout cela très inégal, mais ils sont encore jeunes. Ce groupe se détache surtout sur les parties instrumentales, exécutées avec beaucoup de talent mais qui enterrent bien souvent les parties chantées. Et ce n’est pas à cause des voix mais des choix d’accompagnements musicaux de ces sections chantées. L’espoir que j’avais donc eu sur deux-trois morceaux s’est vu fauché comme un Poilu sous la mitraille. Reste que l’énergie dégagée sur scène était bien réelle et je pense que ce pourrait être un groupe à suivre.
Une petite pause pour virer les instruments de la scène et installer le matos de BRNS et nous voilà projeté dans un truc assez hallucinant. BRNS, ce sont quatre mecs, comme le nombre de lettres de leur nom, qui font passer Robbing Millions pour un amuse -bouche. Dès le premier morceau l’énergie développée sur scène emmènera les premiers rangs de la salle vers le dancefloor à mesure qu’avancera le set. Lorsqu’on les écoute on ne peut s’empêcher de penser à Wu Lyf ou encore Local Natives pour leur côté presque tribal. La voix du chanteur, Tim, et sa façon de scander ses textes parfois, n’y étant sans doute pas pour rien.
Délivrant sa Pop-Rock tantôt obscure, tantôt lumineuse mais toujours extatique, BRNS nous livre un live sans tâche, bourré d’expérimentations sonores. Rythmique très présente par les percus, basse assez appuyée mais sachant se faire remplacer, parfois, par des claviers, BRNS étoffe sa musique de petites trouvailles ressemblant à des trésors familiaux : xylophone, clochettes, clavier-jouet pour enfant… Ces arrangements subtils concourent à donner à leur musique une dimension supérieure et ne la limite pas à la simple énergie déployée par le quatuor. Le groupe s’amuse sur scène et cela se sent, les premiers rangs finissent donc par bouger leurs pieds malgré eux, bientôt le reste du corps suivra, supporté par deux-trois membres de Robbing Millions, venus faire un bain de foule sur Mexico, hymne de BRNS depuis 2010. Ce sont en tout une douzaine de titres que le groupe nous offrira, contents d’être en tournée, contents d’être là, à Toulouse ce soir-là.
Même si Girls in Hawaï tourne pas mal, et en l’absence de Ghinzu, en studio actuellement, il me semble que BRNS pourrait être la tête de pont dont la Pop-Rock belge a besoin pour régner en Europe durant quelques temps…
Note : Les vidéos présentées ici n’ont pas été prises hier soir mais elles illustrent assez bien mon sentiment sur ce groupe et on se quitte avec Mexico parce qu’hier soir, elle a quand même bien contribué à mettre le feu au Connexion…
Greg Pinaud-Plazanet