Le 10 juin, après une longue campagne de com’ on ne peut plus travailler, et des mois d’attente, Jack White, a.k.a le maître du rock moderne sortait son dernier album, Lazaretto. Depuis une semaine, les critiques sont presque unanimes : Lazaretto est un excellent album, il repousse les limites de la création et force le NME à poser la question sur sa Une de la semaine dernière « Jack White : Genius or Madman ? » (Génie ou Fou ?). Question légitime quand on voit à quel point le musicien se donne du mal pour, à la fois innover et faire parler de lui : idée du vinyle Ultra, avec des morceaux surprises cachés, record du single le plus rapide du monde (enregistré, pressé, distribué en 3h21!), déclarations arrogantes sur Meg White et The Black Keys, clip visuellement très réussi pour le hit Lazaretto… Mais pour ce qui est de la musique, que vaut réellement ce nouvel album solo ?
Depuis le temps, on l’avait compris : Jack White cultive sa passion pour le blues et la country à travers un rock moderne et innovant. Il l’avait déjà prouvé à l’époque des White Stripes ainsi qu’avec son tout premier album en solo Blunderbuss : sur Lazaretto, la donne n’a pas changé. Sur chaque titre, on ressent toute sa fascination exacerbée pour les racines du rock, l’aridité de Nashville, et les contrées désertiques des routes de l’Amérique. Parfois, un peu trop même. Le guitariste, songwriter nerveux et forcément plus jeune des White Stripes est un peu absent.
En globalité, l’album est une suite de ballades blues et country, certaines d’une simplicité et d’une efficacité désarmante, telle que Just One Drink, et d’autres particulièrement réfléchies mais absolument folles ; on citera Alone In My Home, Want and Able et tout particulièrement I Think I Found The Culprit. C’est un peu comme si notre homme voulait tout essayer en même temps.
Sur cet album, Jack White semble s’être littéralement exorcisé : avec That Black Bat Licorice notamment, dont les paroles renvoient à de la folie pure : « I wanna cut out my tongue and let you hold onto it for me ». Une folie pure certes, mais derrière laquelle se cache tout de même une logique, et une composition longuement élaborée. Ainsi, Jack White est un sale gosse malicieux, et fait ce qu’il veut : Would You Fight For My Love ? en est la parfaite illustration. Orchestré mais explosif, aérien mais lourd de riffs, Ce titre lie un chœur féminin délicat à la voix nerveuse et piquante de Jack White. Tout s’oppose, mais le résultat est juste et beau.
On ne parle pas de Lazaretto sans parler riff et guitare électrique : notre virtuose fou a concocté quelques compo d’un rock électrique et écrasant comme on l’aime. Avec High Ball Stepper, le magistral titre instrumental, on frôle la frénésie. Lazaretto et Three Woman, dans la même veine, sont un peu plus électroniques, mais on y retrouve l’esprit rock déjanté caractéristique à Jack White. La faiblesse de cet album n’en est pas vraiment une, car elle est propre à notre époque. Les albums qui ont vu le jour depuis 2012, ont pour la majorité, ce même son austère et froid qu’on entend sur Lazaretto. Si Jack White est un guitariste moderne qui vit dans son temps, il a toujours eu cette capacité à garder l’atmosphère charnelle et chaleureuse du blues dans sa musique. Malgré tout, hanté par Nashville, il s’est échiné à faire de cet album une œuvre à son image : extravagante et loufoque.
Evidemment, Lazaretto ne pourra pas plaire à ceux qui n’apprécient pas la country, influence massive et majeure de l’album, mais ils pourront se rabattre sur Three Woman, High Ball Stepper et Lazaretto. Ce LP est loin d’être mauvais, mais il était justifié d’en attendre plus, voire mieux. Peut-être est-il temps de ranger la casquette de la star médiatique et de passer un coup de fil à Meg. Allez, Jack, on est tellement à en rêver…
Juliette Geenens a.k.a Vodoo Kid
A reblogué ceci sur It's a long way to the top…et a ajouté:
Jack White reprend Jay-Z, Jack White rejoint Beck sur scène, le label de Jack White lance une maison d’édition, Jack White reprend Jimi Hendrix, Jack White fait la gueule au Chicago Cubs Game. Bref ! Jack White est partout.
Et si après les White Stripes, les Dead Weathers, son album solo Blunderbuss, et ces cinglantes paroles sur l’industrie musicale et sur les Black Keys, vous vous demandez encore pourquoi il fascine tant, la réponse est peut-être sur son dernier album.