Qu’on écoute Matthew Koshak et Liza Thorn, qu’on les voie, sur leurs images presse, dans leur clip « Call from Paris », on y voit le reflet de ces couples mythiques du rock n roll. Dans l’idéal, il y aurait la chanteuse blonde à la voix trainante, rauque et sensuelle, qui court après un succès qui lui échappe. Et puis il y aurait le guitariste ténébreux et timide, à la sensibilité artistique exacerbée, arrivant avec son seul instrument à former la vraie patine sur la voix rugueuse de Liza Thorn.
Si la formation est minimaliste, la résonance est là. L’album entier est un écho cosmique. Le jeu des deux instruments, voix et guitare réverbérée à l’extrême, se fondent dans une mélodie parfois douce et vaporeuse (« No Good », « Call from Paris »), parfois désinvolte, insolente (« Sure Bet »), façonnant une atmosphère apocalyptique fascinante, comme une fin douce et lente, aux dimensions galactiques lointaines.
Prison to Prison, premier essai indéniablement habité, réussi, est aussi une consécration personnelle pour les deux membres du duo de Brooklyn : Pour Liza, la certitude d’avoir enfin trouvé un égal avec qui construire une alchimie musicale, pour Koshak, l’opportunité de se lancer dans un projet artistique personnel, au-delà de ses activités d’ingé son.
Le genre d’album fait pour une contemplation pensive et sans but, pour regarder la pluie en fumant à la terrasse d’un café, derrière la vitre d’un train, sous la couette… rayer la mention inutile.
By Sophie Louy