Festival/interview

L’interview made in Eurockéennes de nÄo

Aujourd’hui, on vous publie l’interview de ce monstrueux groupe de trip-hop composé de Pierre André aux machines, Jordan à la guitare et Thibault à la batterie. L’interview s’est passée sur la presque-île de Malsaucy, assis sur un ponton avec une vue sur le magnifique lac, un cadre presque idyllique.

Quelques heures après cette interview, nous étions à leur concert. Une prestation incroyable mêlant les ambiances planantes du prog aux sonorités hargneuse du métal… Un pur moment de trance.

Concert de nÄo, aux Eurockéennes de Belfort. © the Glint.

Concert de nÄo, aux Eurockéennes de Belfort. © the Glint.

Mais puisque nous sommes ici pour l’interview, place aux questions !

PdR: Alors, c’est vos premières Eurockéennes, mais à ce qu’on a compris, vous avez l’habitude des festivals, comment vous appréhendez celui-ci ?

nÄo: C’est la première fois qu’on joue ici effectivement, on l’appréhende pour deux raisons, déjà parce que c’est le plus gros festival qu’on ai fait cette année et il y a aussi le fait que nous sommes de la région donc c’est un festival un peu mythique pour nous, parce que c’est un festival où l’on viens assez régulièrement en tant que touriste aussi. Dans le public il y a énormément de gens qu’on connaît. Il y a un petit truc en plus, mais qui en même temps est super motivant !

 PdR: Donc du coup vous nous préparez un gros truc ?

 nÄo: On va faire ce qu’on peut en tout cas ! (rires)

PdR: On voit de plus en plus de travaux sur l’image. Qu’est-ce que la vidéo apporte à votre musique ?

Pierre André : Déjà la vidéo, on l’a depuis le tout début du projet, c’est à dire que le projet est né en 2007, donc la vidéo a toujours été là.  Au départ, c’était important parce que j’étais tout seul, donc il fallait vraiment qu’il se passe quelque chose sur le plateau, la vidéo apportait quelque chose d’interactif et de super important ! Après, même avec Thibault et Jordan, qui ont rejoint le projet, c’est quand même resté un élément important… Il n’y a pas de chanteur, ni de leader à proprement dit sur le plateau donc on a vraiment besoin d’avoir quelque chose, au delà de l’attirance visuelle des musiciens. Aujourd’hui c’est devenu presque indispensable en fait.

PdR: Vous trouvez que ça fait ressentir de nouvelles sensations à vos auditeurs ?

Pierre André : J’espère en tout cas !

Thibault : Parce que aussi, c’est un univers. On a choisi l’univers du technicien qu’on a pris, qui est plus un artiste qu’un technicien. Il a un graphisme, il a sa patte à lui, c’est son identité visuelle qu’on voulait. Si ça se trouve, si Pierre

André n’était pas tombé sur lui, il n’y aurait peut-être pas eu de vidéo. Il est plus ou moins tombé amoureux de son esthétique à lui

« assis sur un ponton avec une vue sur le magnifique lac, un cadre presque idyllique » © Gwendoline Bonin

« assis sur un ponton avec une vue sur le magnifique lac, un cadre presque idyllique » © Gwendoline Bonin

PdR: Comment êtes vous tombés sur lui?

Pierre André : On se connaît depuis des années, on est sur Besançon. Des DJ il n’y en a pas énormément, donc on finit forcément par se croiser. Comme dit Thibault, il y avait une esthétique qui était super intéressante par rapport au projet que je voulais. Il travail très peu avec des samples d’images mais quasiment qu’avec de la synthèse vidéo, ce qui se rapprochait beaucoup du travail que j’avais envie de faire au niveau musique, car je bosse avec très peu de samples, mais plutôt avec des synthé. Donc il y a cette espèce de mélange d’univers visuel et audio qu’on avait vraiment envie de créer.

PdR: Pierre André, tu es sur beaucoup de projets mais il y en a un qui semble correspondre à tes recherches technologiques : Metropolis de Fritz Lang. C’est un peu un thème récurent dans ton travail, l’homme et la machine ?

Pierre André : Le projet qui s’est passé autour de Metropolis, c’est une commande. C’était pour  une association qui faisait un événement à Besançon,  et il cherchait à faire un ciné-concert et m’ont proposé ce film là. Effectivement, ce n’était pas anodin qu’ils m’aient proposé ce film, ils connaissaient l’univers musical de nÄo, ils connaissaient l’univers de Metropolis, c’est vrai que c’était des univers qui pouvaient se confronter assez facilement. Aujourd’hui je ne peux plus le faire, car ils ont retrouvé les bandes pour refaire le film entièrement. Le film sur lequel je jouais ne faisais que 2h, je n’ai plus le droit d’utiliser une version amputée. Si je voulais rejouer Metropolis aujourd’hui et si nous pouvions le refaire à trois, il faudrait recréer quelque chose avec la version complète qui fait presque 3h. Rien n’est exclu, mais pour l’instant on a vraiment d’autres projets en cours.

PdR: Qu’est-ce qui t’attire dans le fait de mettre du son sur un film déjà crée ?

Pierre André : L’univers de nÄo est super cinématographique à la base. Je l’ai aussi pris comme un chalenge, c’est quelque chose que je n’avais jamais fait. Vu que j’aime bien faire des choses que je n’ai jamais faites, je me suis dis « pourquoi pas ?». Je voyais vraiment ça comme un chalenge. Puis le film étant plus que mythique, c’était difficile de refuser.

PdR: Vous avez sortit un LP, vous pouvez m’en parler un peu ?

Pierre André : Qu’est-ce qu’on peut dire dessus ? (rires). C’est le premier réalisé à trois, c’est un LP avec lequel on a tourné avant de le sortir, c’est un peu le résultat de la réadaptation de nÄo avec les musiciens. Au départ il y’avait des morceaux que j’avais fait moi-même, qu’on a réadapté avec la batterie et la guitare, plus encore après des morceaux qu’on a composé ensemble et là, pour l’instant, c’est un peu un album charnière de l’avant nÄo solo et du nÄo d’aujourd’hui. C’est vraiment le premier album du projet en tant que tel.

PdR: Comment s’est passée la composition ? Comment composez-vous  dans un univers électro comme le votre ?

Pierre André : Il y a eu deux phases de travail. La phase de réadaptation des anciens morceaux : on reprenait les anciens morceaux on enlevait des éléments, on rajoutait la batterie, la guitare. Pour les nouveaux morceaux, ou Jordan, ou moi arrivions avec des idées, on jamme un peu dessus, on écoute, on retravaille dessus. Le départ est surtout électro, la batterie vient par la suite et la guitare s’intègre au fur et à mesure du processus de composition. On a pas vraiment de ligne de travail, on réagit vraiment de manière impulsive.

Pierre André – Machiniste. © Gwendoline Bonin

Pierre André – Machiniste. © Gwendoline Bonin

PdR: Et pendant l’enregistrement studio, vous avez laissé une part d’improvisation et de spontanéité ?

Pierre André : Pas trop, parce qu’on tournait déjà pas mal avec ces morceaux là, donc l’impératif qu’on avait en studio c’était de rendre l’énergie qu’on pouvait avoir sur les tournées live. Les morceaux sont un peu nés en live finalement, on voulait vraiment avoir cette énergie là, mais, en studio. Donc le travail a été énormément axé là-dessus.

PdR: En live, on peut donc s’attendre à un peu plus d’improvisation…

Pierre André :Un peu plus, mais on reste quand même dans un format électro qui nous impose certaines choses. Mais nous ne pouvons pas tout te dire, il faut venir voir ! (rires)

PdR: Nous y serons ! Autrement, pouvez-vous me parler de votre rencontre avec la musique électronique ?

Pierre André : j’ai commencé la musique électro quand j’avais 19 – 20 ans. J’ai découvert ça en free partie, les premiers lives électro, avec des mecs comme Radiobomb ou les 69dB. C’était la première fois que je voyais des mecs faire de la musique avec un ordinateur, j’étais complètement bluffé. Le virus m’a pris comme ça, après cela  s’est développé, j’ai découvert plein d’artistes qui m’ont vraiment marqué –Amon Tobin en fait partie- d’autres artistes qui venaient du rock et qui ont mélanger des trucs un peu plus électro, qui m’ont beaucoup plu. Cela s’est développé comme ça.

Jordan : Moi à la base je viens du hardcore et de choses bien violentes comme celle-ci. J’ai un peu fait mes armes avec ces styles-là. J’ai joué dans un groupe qui s’appelait Somadaya qui était du pop-rock électro. C’était ma première expérience avec de la musique électro, donc je me suis mis aussi à en jouer pour ce projet là. Je me suis fait la main là-dessus et cela m’a bien botté, j’ai finalement continué. Puis c’est génial d’avoir sa gratte et son clavier sur scène, tu peux faire pleins de choses !

 Pdr: C’est vraiment un autre moyen de composer ?

 Jordan : Ha oui, carrément !

 Pierre André : C’est aussi ça qui est intéressant !

 Jordan : Ce que ça t’ouvre comme portes, c’est incroyable !

 PdR: Surtout par rapport aux influences hardcore !

 Jordan : Oui, c’est sûr ! J’avoue quand-même que, je n’en fais plus du tout, mais que ça me titille de temps en temps (rires).

Thibault : Moi, c’est avec nÄo, car avant j’étais plutôt musiques afro-cubaines, zouk,

 PdR: Ha oui là ça change vraiment… (rires)

 Thibault : Oui. En fait avant j’étais chanteur dans un groupe de fusion avec des claviers et des synthés…

Pierre André : qui avait déjà une grosse patte électro d’ailleurs !

Thibault : Le côté électro m’a bien plu oui, je me suis donc remis à la batterie pour nÄo.

PdR: Qu’est-ce que vous avez en commun en dehors de la musique ?

Jordan : Déjà, avec Pierre André, nous avons habité 1 ans et demi ensemble… ça s’est très très mal passé… (rires ironiques)

PdR: C’est comme ça que vous vous êtes rencontrés ? (rires)

Pierre André : Je viens de me rendre compte qu’en fait, je les ai rencontré sur le même festival ! Nous avons des amis sur Besançon, une association qui s’appelle le Citron Vert et qui avaient monté un festival en 2007. Je faisais la régie, Thibault aussi et Jordan bossait sur un projet d’enregistrement de concert. On s’est rencontré un peu à ce moment là, mais complètement par hasard ! Eux ne se connaissaient pas. J’ai rencontré Thibault puis Jordan par la suite. On avait pleins d’amis en commun, car Besançon est une petite ville, donc on s’est très vite rencontré dans d’autres endroits, les affinités se sont développées super naturellement !  Un ans après avoir connu Jordan, j’habitais déjà avec lui. Pour Thibault, je l’ai appelé pour jouer de la batterie, alors que je ne l’avais jamais entendu jouer ! J’avais envie d’un batteur. J’ai fait un pari plus sur le bonhomme que sur l’artiste, mais ça va je ne regrette pas (rires)

Thibault : Cela faisait quand même dix ans que je n’avais pas touché une batterie !

Pierre André : C’est ce que je dis, j’aime bien les challenges ! (rires)

De gauche à droite : Thibault – batterie, Jordan – guitare, Pierre André – machiniste, Anthony – Peuple du Rock. © Gwendoline Bonnin

De gauche à droite : Thibault – batterie, Jordan – guitare, Pierre André – machiniste, Anthony – Peuple du Rock. © Gwendoline Bonnin

PdR: Sinon, c’est quoi la suite des évènements pour vous ?

Pierre André : Pas mal de festival cet été dont le Summer Darkness festival en Hollande, le Piou Piou, petit festival de la région de Besançon. A Pau, Chamberry, plein d’autres dates à partir de septembre. A la rentrée, nous allons essayer de nous remettre à composer pour le prochain album.

Thibault : D’ailleurs, faut le dire, on est quand même pas mal aidé par nos deux labels, Jarring Effect celui en France, et Ant-Zen, notre label en Allemagne

PdR: D’ailleurs, pourquoi un label en Allemagne ?

Pierre André : Parce qu’ils nous ont demandé (rires). Puis c’est le genre de label auquel on ne dit pas non car c’est un très bon label qui existe depuis très longtemps. Il a pignon sur rue dans ce style de musique. Du coup, aujourd’hui, on a deux supers bons labels derrière nous ! On est super bien entouré !

Jordan : Cela nous motive encore plus pour avancer avec nÄo !

By Anthony Amar

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