Rythmes psychédéliques, teintés de blues et de rock, guitares faussement accordées : Radio Moscow avait tout d’un groupe prometteur. Réticents à toute médiatisation, on imaginait ces garçons de l’Iowa puiser dans les profondeurs des Grands Lacs l’intensité de leur musique.
Aux quatre coins du globe, Zach, Paul et Parker semblent plus efficaces qu’un buvard de LSD. Le public, enthousiaste et admiratif, trippe un peu plus à mesure que les riffs de Radio Moscow diffusent leurs ondes, rompant avec les tonalités mattes d’un blues venu d’une autre époque. Ces jeunes prodiges, la vingtaine, produisent des successions d’effets en tout genre provoquant une identité rock & blues inimitable, et dans la foule, une ivresse musicale.
Le groupe, d’apparence si soudé, a pourtant vu ses membres défiler. Un véritable turn-over jusqu’à fin 2010 où, de sa propre initiative, le batteur Paul Marrone quitte le groupe afin de se concentrer sur d’autres projets. Depuis c’est le frère du bassiste Zach Anderson, Corry qui a pris sa place. Seul Parker Griggs, le chef de bord, a résisté à la tempête et a préservé son statut de leader. A se demander tout de même si le protagoniste du groupe n’a pas été à l’origine de ces sabordages systématiques…
Après une série de concerts en Europe et aux Etats Unis en 2011, des conflits ont surgi au sein du groupe et c’est sur scène que les tensions se sont faites ressentir : lors d’un concert aux Etats Unis début 2012, le groupe a surpris ses admirateurs en se confrontant directement et publiquement sur scène. Parker, lors d’un solo ardent , jette en effet sa guitare en direction de Corry, un geste digne d’un lancer de disque olympique. La riposte est immédiate: c’est de façon très violente que le batteur renvoie la guitare au visage de Parker. Le concert s’interrompt quelques secondes après que Zach ait lâché quelques accords pour essayer de maintenir le cap, malgré toute la cohue qui se crée entre son frère et son ami. L’effet des pédales wah-wah s’estompe…
Avant le concert, une séparation des membres était déjà envisagée, pourtant, cette nouvelle n’avait pas trouvé ni écho, ni sentiment de tristesse particulier auprès des fans. Du trio, il ne subsiste maintenant que Parker. Le fondateur du groupe avait déjà prévu les remplaçants de Zach et Corry, qui eux, de leurs côtés, ont fondé un nouveau groupe avec la partenaire de Zach. Provocateur et résigné, il ne regrette pas son geste envers Corry, et entame dès maintenant une nouvelle tournée avec de nouveaux membres fraîchement arrivés. Ce sont ses morceaux, ses créations et ses droits d’auteurs qui lui permettent un certain confort et qui lui assurent, dès lors, la continuité de son groupe.
Mais loin de lui l’éthique qu’il prône au travers de ses titres, il n’a que faire en réalité de l’adage « peace and love » et espère sans doute que la nouvelle équipe, avec qui il s’apprête à partir en tournée, sera plus docile.
La vie du groupe Radio Moscow connait donc un véritable rebondissement, mêm si la formation reste tout de même debout, fiere, et toujours portée par Parker Griggs. La consonance soviétique du groupe ne nous étonne plus si l’on voit dans cette séparation un peu de l’autoritarisme stalinien du jeune Parker. Reste à se demander, si les deux frères bannis du groupe ressentent un quelconque remord où repartent la tête haute, exaspérés par les comportements prétentieux de leur leader…
By Manon Chauvin