Review

She’s lost control.

« Control » n’est pas un biopic. « Control » n’est pas la consécration d’un martyre du rock. Sorti en 2007, »Control » est l’histoire d’un homme, entre crises d’épilepsie, devoirs conjugaux et liaison extra-conjugale, un homme déchiré entre ses rôles de leader, mari, amant, malade.

L’homme, c’est Ian Curtis, chanteur du groupe Joy Division, qui n’a probablement jamais mesuré l’ampleur de l’influence que sa musique allait exercer sur la scène rock. Nous n’avons aucunement droit ici à une quelconque analyse du personnage d’Ian Curtis, ou une tentative de cerner les causes qui l’auraient poussé à se suicider. Anton Corbijn garde un regard distant, lucide, touchant, sans tomber dans un pathos ridicule, tout en subtilité, dans une oeuvre noir et blanc, parfaitement cadrée, quasi photographique, correspondant parfaitement à l’identité graphique du groupe. Il superpose images de concerts, scènes de la vie conjugale, scènes de la vie quotidienne dans toute sa banalité et sa douleur, ce patchwork formant un univers singulier, solitaire, bordélique, si chaotique qu’il finit par échapper au contrôle de celui qui l’habite, Curtis, dépassé par les devoirs contradictoires auxquels il est soumis, se brûlant les ailes un peu trop rapidement, enfermé dans un mutisme qui en dit long sur son mal être, ou mal de vivre. Stupéfiant d’humanisme, Ian Curtis n’est plus un rocker maudit et torturé, il devient un être humain qu’on comprend, auquel on s’identifie par moments.

« Control » est porté par une bande originale poignante, de David Bowie au Velvet Underground, en passant par The Killers, Joy Division (évidemment), New Order et Iggy Pop, qui fut le dernier artiste que Curtis écouta avant de se donner la mort. Une bande originale rock, sans pour autant perdre en élégance, à l’image de ce long métrage, couronné d’une caméra d’or à Cannes et ovationné à la quinzaine des réalisateurs, toujours naturel, jamais prétentieux. Mais s’il y a une révélation, c’est bien Sam Riley, qui habite de façon assez impressionnante son rôle de composition, possédé, troublé, au visage intense et au regard insaisissable.

« Control » est donc un portrait clair obscur de Ian Curtis, restituant un moment décisif de la scène rock, quasi annonciateur du tournant que la musique prend aujourd’hui, Joy Division restant un groupe actuel, surprenant de fraîcheur et de caractère. Mais la réelle question que pose le film reste le rôle de la musique en tant qu’échappatoire au désespoir et à la cruauté amère que l’existence inflige quelquefois. Elle n’a peut-être pas sauvé Ian Curtis, mais reste son héritage musical aussi énorme que ‘intense, pour les âmes perdues…

Bande Annonce

By Manal

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