Dans le rétro/Grands Classiques

They are Twentieth Century Boys: Blur, la retrospective.

Longtemps que je n’avais pas sorti ma plume, manquant d’inspiration tel un Jack Torrance en pleine crise existentielle. Cela est souvent du, paradoxalement, a un trop grand nombre de sujets envisageables à exploiter.
Mais, résidant en Angleterre (mon Overlook Hotel a moi), et avec l’annonce d’un certain concert de clôture des J.O de Londres, la naissance du tout dernier projet de Dan Abnormal ((pour les intimes): https://lepeupledurock.wordpress.com/2012/03/19/un-nouvel-album-de-damon-albarn) ainsi que la sortie du huitième album studio de Graham Coxon “A+E”, je me suis dit qu’il était peut-être temps de faire une rétrospective rapide sur le groupe qui a accompagné des millions de fans de Britpop à travers le Monde, des années 90 à nos jours, je veux bien sûr parler de Blur !

Blur

Pour ceux qui ne savent pas grand-chose sur Blur, a part peut-être qu’ils étaient les rivaux d’Oasis (si c’est le cas il est certain que vous n’êtes pas britaniques… car eux n’ont pu échappés à leurs duels par presse interposée !), petite piqure de rappel…
Lorsqu’Andy Ross, directeur des disques Food, tombe sous le charme du groupe Seymour en 1991, il leur propose un contrat à condition que le groupe change de nom. Le chanteur Damon Albarn choisit Blur, “Arty, sans être trop obscur”.  C’est le début d’une belle carrière .On ne peut cependant pas dire qu’elle démarre sur les chapeaux de roues.  Leur premier single “She’s So High” n’atteint que la 48eme place des Charts. Ce sera le deuxième titre extrait de Leisure, “There’s no other way”, qui mettra tout le monde d’accord, parvenant tout de même  à arriver huitième.

Mais que dire de Leisure, justement? Premier album du quatuor qu’on peut qualifier de réussi dans le sens ou les réactions provoquées furent aussi nombreuses que variées. Considèré comme l’album qui mit fin au mouvement “Madchester” par l’opinion publique, comme une usine a Hits pour les critiques du Q Magazine,  Damon Albarn lui-même finira par le qualifier de “complètement désastreux”.
Mais nous le savons tous, les artistes, par un sens critique lucide (ou fausse modestie ?) ont souvent tendance à se sous-estimer. Leisure est à mon humble avis, l’album classique d’un groupe de jeunes anglais exposant leurs joies et leurs peines au début des années 90, mis en lumière par des sonorités Indie, Baggy et Shoegaze dont eux seuls détiennent le secret grâce à leur sang béni des Dieux (j’espère que vous avez tous remarqué à quel point je suis objective quand je parle de la Grande-Bretagne… Merci). Une grande majorité de titres efficaces. Le titre Sing paraitra 5 ans plus tard dans la B.O du cultissime Trainspotting de Danny Boyle.  On ne regrette peut-être qu’une chose, l’absence de bijoux  présents sur les versions commercialisées aux USA et au Japon, comme le magnifique Inertia que nos amis nippons ont pu écouter en boucle a l’époque:

En 1993, le cri de guerre est lancé: la vie moderne c’est de la merde !

Modern Life is Rubbish , album PHARE du mouvement Britpop arrive dans les bacs un beau jour de Printemps. Pas vraiment ce qu’on appelle bêtement “l’album de la maturité” mais il représente formidablement bien l’état d’esprit du groupe, resté intact au fil des années.  L’accueil du public est moins chaleureux (les salauds !), notamment à cause de leurs rivaux Suede (bon, d’accord on les pardonne…) mais qu’importe !  Si vous n’aimez pas cet album, vous n’aimez pas Blur, point final. Avec ses qualités (mélodies toujours aussi catchy, un sens de la déconne irrésistible) et ses défauts (maladresses, morceaux quasiment similaires par moments, on pourrait presque les superposer, comme “Blue Jeans” et “Resigned” par exemple) il définit trait pour trait la personnalité, la philosophie de la bande a Damon. Les influences sont plus “sérieuses”  (un retour aux sources allant des Kinks aux Small Faces), les sujets sont plus “sociaux”. Nos charmants ados deviennent des hommes du vingtième siècle pas vraiment à l’aise avec leur époque (« For Tomorrow » annonce plutôt bien la couleur)

la notoriété du groupe finit (enfin) par décoller grâce à Parklife. En Mars 1994, on connait déjà le tube de l’été à venir. Ce sera sans hésitation « Girls & Boys »,  probablement le seul titre de Blur sur lequel  on préfère bouger nos fesses plutôt que nos cheveux:

Comme si ça ne suffisait pas, les paroles du single éponyme sont narrées par Phil Daniels, acteur à succès chez les mangeurs de gelée  (Jimmy Cooper dans Quadrophenia, c’est lui)!
Un bien bel emballage pour un produit non moins honnête. La même énergie, le même humour so British, mais aussi, et surprise cette fois-ci, un aspect véritablement triste dans le sens “adulte” du terme, loin des incertitudes adolescentes (« This is a Low »).

The Great Escape, en bonne suite logique, regorgera de morceaux de ce genre plus abouti (« Best Days », « The Universal« , « Yuko&Hiro« , « To the End« …) Normal me direz-vous, puisqu’ il s’agit d’un concept-album ayant pour thème principal la solitude. Pour la première fois, le leader se livre à 100%. Chaque chanson est écrite comme une mini-biographie (Dan Abnormal est bien évidemment une anagramme, je dis ça pour ceux qui n’auraient pas compris ma petite remarque dans l’introduction), et ça donne une compilation de morceaux touchants (je pense a « He thought of Cars« , qui est pour moi ce qu’ils ont fait de mieux. D’une GRANDE beauté donc plutôt inattendu. Réussite totale. Numéro  1 des classements, ce qui leur permet de battre Oasis, leurs frères ennemis. Même si le chanteur se la ramènera une fois de plus en déclarant qu’il s’agit de ce qu’ils ont fait de pire après Leisure. On ne relèvera pas….

Arrive en 97 ce que certains aiment nommer “L’album jaune”. Sobrement intitule Blur, leur cinquième bébé finira lui aussi premier. On se souvient notamment du succès du second single. Mais bien sûr que vous le connaissez, faites pas semblant ! Même ceux qui ont joué à Fifa 98 sur Playstation 1 savent de quoi je parle, c’est pour dire le niveau…

C’est le début d’une véritable évolution pour le groupe, musicalement parlant.  On ne ressent plus vraiment la cote Britpop ici. Les guitares sont beaucoup plus saturées (« Chinese Bombs« ),  et on remarque même quelques influences Lo-Fi (« Country Sad Ballad Man« ) Blur est un album qui fait la différence, également dans le côté visuel. Pour la première fois, le groupe ne fait pas appel au studio Stylorouge pour sa pochette, et les fans n’auront pas le plaisir de lire les paroles dans le livret. Autre détail, Graham Coxon pousse la chansonnette pour la première fois avec un titre écrit aussi par le guitariste: « You’re so Great »

Il remettra ça sur l’album suivant 13 en 99, avec le single « Coffee & TV » (petit lien si vous n’avez pas vu la vidéo, surement l’un des clips les plus mignons de l’Univers):

13… Enfin je peux utiliser mon expression bateau, car il s’agit bel et bien de l’album de la maturité !
Une entrée en matière plus que surprenante avec le premier single “Tender”, en collaboration avec le London Community Gospel Choir (oui Madame !).
Produit par William Orbit, 13 (nommé d’après leur studio d’enregistrement) se veut expérimental, cérébral. Adieu la Brit Pop  et les chansons “légères”. Ecrivant à la première personne (ca ne lui était plus arrive depuis Leisure) Damon parle de ses déboires et de la difficulté de se remettre de sa rupture avec Justine Frischmann, chanteuse du groupe Elastica (le titre « 1992″ déchire le cœur. Ce qui n’empêche évidemment pas la présence de morceaux qui font grimper au plafond comme « Bugman » ou « B.L.U.R.E.M.I« . Malgré un virage à 360, Blur reste Blur. Pour parler encore et toujours de l’aspect visuel, la pochette de 13 et de ses singles sont des peintures de Coxon, qui ne demande qu’à s’émanciper de plus en plus.

Ce qui devait arriver arriva donc. Le guitariste quitte le groupe (pour des raisons artistiques, mais aussi accessoirement à cause de ses problèmes d’alcool) alors en plein enregistrement de Think Tank, sorti en 2003. Ce n’est pas un problème pour Damon, Alex et Dave, qui réussissent à enregistrer l’OVNI ultime de leur carrière, quelque part entre Rock (forcement), expérimentations en tous genres et World Music.
Une sublime pochette signée Banksy. Des sonorités nouvelles. L’absence de Coxon est évidente, mais il ne faut pas oublier que nous avons affaire a Damon, l’homme hyperactif, l’artiste aux multiples facettes, père de différents projets qu’on ne présente plus (Gorillaz, Mali Music, The Good, the Bad & the Queen…). Dans n’importe quelle circonstance, Tant que Dan reste aux commandes, le groupe trouvera toujours le moyen de se renouveler. Que le public aime ou non.

Il faudra attendre 2009 pour revoir Blur au complet dans différents festivals européens. En Février 2012, le groupe reçoit un Brit Awards pour sa “remarquable contribution à la musique”. Tout semble rose une fois de plus mais malgré le discours de Graham Coxon confirmant la préparation d’un nouvel album, Damon Albarn a fait tomber deux couperets la semaine dernière  en annonçant à la fois la fin de Blur ET de Gorillaz. Pour les fans inconsolables (comme moi…), il reste un (petit) point positif: La sortie très attendue du coffret anniversaire  en l’honneur des 21 ans de carrière de la bande native de Colchester.

Une carrière achevée, mais des chansons qui resteront encore longtemps dans les mémoires.

“This is a low. But it won’t hurt you. When you are alone. It will be there with you”

By Sandra Cillo

2 réflexions sur “They are Twentieth Century Boys: Blur, la retrospective.

  1. Belle rétrospective, le tout est dit et pour info, étant fan de Blur depuis peu, eh bien cela fut fort plaisant d’écouter un titre « nouveau » : Inertia que j’aime beaucoup du coup, au même titre que Charmless Man et Coffee and TV.
    LA chanson également qui me fait perdre l’équilibre, c’est The Universal, d’une somptuosité incroyable.
    Hélas, je suis très triste de ne pas aller à leur dernier concert le 12 Août enfin c’est comme ça…
    Bel article !
    =)

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