Concerts

Anna Calvi : Un ange est passé à Toulouse…

Le 27 Septembre j’avais rendez-vous au Bikini avec Anna. Elle devait déjà m’attendre, j’étais stressé, mon GPS m’a fait des misères, bref je suis arrivé sur le tard mais je ne l’avais pas fait attendre : Au lieu de cela la première partie commençait juste et vu ce que j’entendais, je décidais de rester du côté du bar afin de garder mon énergie pour un ange sublime.

La première partie s’arrête, les instruments sont changés, et même si l’on ne fait jamais attendre une Dame, là, d’un coup je ne me presse plus. Suis-je pris d’un doute ? D’appréhensions ? Avec quelques 10 morceaux plus 5 autres titres sortis sur des singles dont 3 covers, aura-t-elle cette même brillance en live que celle que j’avais ressentie lors de notre rencontre numérique ? Je ne savais plus, mais il n’était plus question de reculer.

Les lumières se fanent, et là elle entre tout de rouge et noir vêtue, les cheveux attachés en chignon espagnol, on dirait qu’elle vient mettre à mort le taureau dans l’arène, la salle s’électrise dans tous les sens du terme puisque sans un mot elle saisie sa télécaster un peu usée aux arrêtes et assène « Rider to the Sea » à un volume sonore que U2 ne dénigrerait pas. Bien placé, je peux voir d’assez près mais pas trop (elle est d’une timidité touchante) ses lignes enivrantes de riffs (et pas que…).

« No More Words » suit dans la foulée, comme sur l’album mais je sais très bien qu’elle ne va pas continuer à le jouer dans l’ordre d’écoute, elle n’est pas comme ça, elle veut surement me ménager au début, un peu comme un préliminaire tacite afin que je me retrouve en territoire connu.

Effectivement, « Blackout » est enchainé juste après, mais toujours sans un mot, j’espère alors que tout le set ne va pas être comme cela car comme tous les orgasmes sonores, on est toujours un peu déçu que cela soit passé trop vite, j’ai envie qu’elle prenne le temps de m’envelopper dans sa voix si parfaite et ses nuées sonores parfois violentes, parfois douces. En parlant de douceur « Surrender » est un îlot de calme et de sérénité, bien que très sensuel et brise le rythme démarré avec les trois premier morceaux. Cette version n’a rien à envier à celle d’Elvis et un peu de douceur fait du bien.

Un « Annaaaa I love you ! » fuse de l’assemblée très réceptive et après un sourire presque gêné de petite fille à qui on aurait dit qu’elle avait de jolies chaussures, elle répond par un très mignon « Je t’aime aussi » en français s’il vous plait… finalement j’ai de la concurrence dans la salle. Comme pour sceller cet amour arrive « Morning Light » et sa grosse caisse sourde, la voix toujours parfaitement posée, la guitare claire : un vrai délice.

Elle attaque ensuite par « I’ll be your Man », ensemble doux et furieux. Pour un homme, c’est surprenant de voir la puissance que peut dégager cette femme qui apparaît si timide et si fragile hors scène. La violence de sa musique parfois la fait se rapprocher de la brutalité animale où les sexes se confondent. En tous cas la guitare, elle touche. Et pas qu’un peu. D’ailleurs elle a mal au poignet ce soir et se fait doubler d’un guitariste, dans l’ombre de la scène. Elle nous l’explique gentiment en s’excusant de ne pas jouer sur tous les morceaux puis nous gratifie d’un « Thank You » timide mais sincère. Elle jouera tout de même la majeure partie des morceaux de ce soir.

« Suzanne & I » et « First We Kiss » resplendissent comme des joyaux ciselés nous entrainant à s’immiscer dans l’intime, même si la seconde est arrivée plus tard dans le set, pour moi elles sont indissociables, mais ce n’est qu’une opinion personnelle que je partage avec moi-même ce qui, soit dit en passant est tout de même le plus important. Sa musique me porte, tantôt onirique, sensuelle, tantôt Lynchienne avec ce mélange d’étrangeté qui comporte une part d’ombre. Des envolées vocales chevauchant une guitare pleine de reverb, une batterie qui apporte de la profondeur, un jeu de cymbales tout en nuances : Voilà le son de cette anglaise luxuriante qui, on le voit, vit sa musique de façon totale, sans aucun compromis.

« Moulinette », absent de l’album mais néanmoins superbe morceau qui me fait hérisser le poil dès les premières notes mais sur lequel la Dame n’a malheureusement pas enfourché sa Télécaster, douleurs au poignet obligent. « Desire » et ses envolées lyriques viennent ensuite.

Là, on s’aperçoit que finalement même si sur l’album les morceaux avaient l’air d’une longueur convenable, en live on trouve qu’ils s’arrêtent trop vite, on se surprend à vouloir qu’ils continuent encore et encore.

« Love won’t be leaving » termine ce premier round. Anna remercie tout le monde et s’estompe déjà dans la pénombre du backstage alors que la salle applaudit pour le rappel. Reviendra-t-elle ? Compte-t-elle m’abandonner là ? Elle a quasiment fait le tour de son album. Bien que je n’aie pas entendu encore « The Devil » que j’aime beaucoup. Je reste donc à espérer.

Le groupe revient finalement sur scène et balance « First we kiss » et sa torpeur sourde et enchaîne avec « The Devil », je souris bêtement… heureux. Même si parfois en écoutant le belle, on est tenté de voir des ressemblances avec Jeff Buckley ou encore P.J Harvey, en la voyant, on s’aperçoit vite qu’elle n’est qu’elle-même et que c’est cela qui nous hypnotise. Elle restera sans doute car elle n’est comme aucun(e) autre et on se découvre à l’aimer pour elle-même, un O.V.N.I de 28 ans, mais c’est déjà si riche… En l’honneur de ses influences et sans doute parce qu’elle est en France aussi et qu’elle veut probablement me faire plaisir, la belle nous gratifie de sa reprise de Piaf : « Jezebel », elle est magnifique. Vous ne la trouverez pas sur le LP, il est sorti sur un single avec « Moulinette ».

A la fin de « First we kiss », elle chantait « The love we had between us tonight is here »… oui, maintenant je le sais, il était vraiment là ce soir et je l’en remercie.

  By Greg Pinaud-Plazanet

 

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